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Libération
Ecran noir

France insoumise et macronie reléguées au bout de la nuit : le CSA met en demeure CNews

Sur la chaîne du milliardaire Vincent Bolloré, le gouvernement et les insoumis sont relégués aux horaires nocturnes, relève ce vendredi l’autorité de régulation de l’audiovisuel.
La chaîne CNews a été mise en demeure par le CSA. (Franck CRUSIAUX/REA/Franck CRUSIAUX/REA)
publié le 3 décembre 2021 à 20h28

Simple distraction ou tripotage médiatique ? Le gendarme du petit écran a épinglé ce vendredi la chaîne de Vincent Bolloré en matière de pluralisme. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) reproche à CNews d’avoir largement relégué les interventions des membres du gouvernement de la France insoumise la nuit. Des heures d’audience habituellement très faible, peu propices aux débats remarqués et repris par les autres chaînes télévisées, journaux ou radios.

Entre le 1er octobre et le 15 novembre, «une proportion très significative des interventions de l’exécutif et de La France Insoumise a été diffusée dans des émissions programmées entre 0 h 00 et 5 h 59», rapporte le CSA. Plus de 82 % des interventions des membres de l’exécutif ont ainsi été diffusées sur cette tranche horaire. Des conditions de programmation «massivement défavorables», tique le CSA, qui ajoute que la macronie et les insoumis ont été les seuls intervenants concernés par ces passages tard dans la nuit. L’information avait déjà été révélée le 11 novembre, par une enquête du site Arrêt sur images.

«Absence de diversité des points de vue»

Le CSA avait alerté une première fois la chaîne du milliardaire breton, le 3 novembre dernier, sur «la nécessité d’assurer une exposition des formations politiques plus équilibrée au regard des horaires de diffusion.» Aucun souci notoire, avait répondu en creux la chaîne d’info en continu. Le gendarme de la télévision monte donc d’un cran et rappelle les règles du jeu : hors période électorale (jusqu’au 1er janvier donc), le Président, ses collaborateurs et les membres du gouvernement ont droit à un tiers du temps de parole. «Conformément à la loi, la chaîne CNews respectera les temps de parole au 31 décembre», a répondu à l’AFP la direction de la chaîne, en réponse à sa mise en demeure - l’équivalent d’un avertissement.

Le CSA rappelle au passage que le fait de reléguer des politiques à des heures tardives n’est pas l’apanage de CNews. Fin 2020, la chaîne LCI avait été pointée du doigt pour ses diffusions tardives des interventions de l’écologiste Yannick Jadot. Reste qu’entre l’autorité indépendante et la chaîne d’info, les relations sont faites de hauts… et de bas. En septembre dernier, CNews avait dû ainsi se séparer dans la douleur de sa vedette attitrée et locomotive des audiences, le désormais candidat à la présidentielle Eric Zemmour. Le CSA avait alors pressenti que l’admirateur de Maurras, débarqué dans l’émission «Face à l’info» en octobre 2019, profitait de cette heure de grande écoute pour diffuser massivement ses idées. La chaîne, comme tous les médias audiovisuels, était ainsi contrainte de décompter le porte-parole du polémiste.

En août, alors que des militaires à la retraite agitaient le spectre d’une «guerre civile» en France dans une tribune publiée par Valeurs actuelles, le CSA avait également tapé sur les doigts de la chaîne, lui reprochant «l’absence de diversité des points de vue exprimés» dans l’émission de Pascal Praud, «L’Heure des pros.» Flairant un penchant à droite toute de la chaîne depuis l’arrivée de Bolloré, le CSA avait déjà mis en demeure l’ex i-Télé en juin dernier, pour avoir un peu trop donné la parole au candidat du Rassemblement national pour les régionales en Ile-de-France. En mars, le CSA avait également infligé à la chaîne une amende de 200 000 euros pour «incitation à la haine» et «à la violence», après des propos tenus par Zemmour sur les migrants mineurs isolés. Une première pour une chaîne d’info.