Quatre-vingt-huit ans plus tard, le Front populaire a ressuscité et Paris lui a fait sa fête. Elle a commencé mollement. Sur la place de la République, ce lundi 10 juin vers 20 heures, sont attendus pour la deuxième soirée consécutive tous ceux qui veulent battre le pavé en espérant que le bruit de leur marche réveille les consciences et incite les citoyens à faire barrage à l’irrépressible montée du Rassemblement national pour les législatives à venir. Ils sont nombreux, placides, presque mous. Ils agitent des drapeaux et tapent dans leurs mains, chantent parfois. Ils savent qu’en coulisse depuis quelques heures déjà s’échafaude le destin d’une possible union de la gauche. Non loin, au siège des Jeunes écologistes, sont réunis les ténors verts, insoumis, socialistes et communistes. Pendant qu’ils négocient, certains sur la place n’y croient pas.
«J’ai peur que la bataille d’ego ne permette pas une union véritable. Je travaille pour un programme gouvernemental, je vois bien comment les choses se passent. L’intérêt général est souvent nié au profit des volontés individuelles», se désole Catherine, 27 ans, de jolies bagues