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Le Libé des écrivains

«Gabriel Attal vous avez gagné», lettre ouverte au Premier ministre, par Vincent Almendros

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L’écrivain Vincent Almendros, également enseignant, s’adresse au jeune chef du gouvernement, porteur des réformes éducatives venues d’un temps révolu.
Gabriel Attal dans un collège d'Andrésy (Yvelines), le 12 janvier. (Denis Allard/Libération)
par Vincent Almendros
publié le 11 avril 2024 à 21h08

A l’occasion du Festival du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément de 8 pages spécial Québec. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.

Depuis le mois de janvier, j’ai l’impression de me retrouver vingt ans en arrière. A cette époque, jeune enseignant, je me rendais à chaque récréation dans la petite pièce attenante à la salle des profs, où se réunissait «le club des fumeurs de pipe». C’était un groupe de professeurs chenus proches de la retraite, barbus pour la plupart et rougeauds, qui devisaient et répétaient, tout en tirant sur leur bouffarde, que «c’était mieux avant». Contrairement à d’autres collègues en fin de carrière toujours enthousiastes, les membres du club des fumeurs de pipe se plaignaient de la fainéantise des élèves, du «collège unique» et rêvaient, Dieu sait pourquoi, d’élèves en uniforme.

Je sentais que je n’étais pas le bienvenu. Je ne fumais pas la pipe et sortais de l’IUFM. Si j’osais avouer à l’un d’eux que, pour ma part, le redoublement d’un élève en difficulté ne me semblait pas une solution efficace, ou encore que l’hétérogénéité d’une classe me paraissait une force, je me confrontais à des rires gras, aussitôt suivis d’une toux rauque. En les voyant expectorer les