Endroits de vote
Jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle, «Libération» arpente des lieux qui ont marqué l'actualité du quinquennat, et raconte comment le quotidien des habitants résonne avec les débats politiques du moment.
Aurélie, femme de ménage, fait du troc avec sa coiffeuse, son ostéopathe et tous ceux qui n’ont rien contre le procédé. Elle nettoie le salon contre une couleur, le cabinet pour une séance. Son dos est en vrac. Elle dit : «J’y vais au culot, je dis la vérité.» Elle a 35 ans, deux enfants, une chienne taille oursonne, 700 euros de revenus par mois, gérés par une curatelle. Avec sa coiffeuse, elles tiennent un carnet de comptes pour maintenir un équilibre – «une heure de ménage vaut tant… je te dois tant». Elles s’arrangent.
Dans sa cuisine ouverte, elle fait couler deux cafés, d’une machine à capsules qui lui a été offerte. L’un de ses clients, pilote d’avion, lui donne un coup de main quand il le peut. Il change l’ordinateur de ses gamins ? Il lui file l’ancien. Et quand le litre de carburant est devenu plus cher qu’un caoua, il a mis 101 euros dans son réservoir, pour qu’elle puisse assurer les tournées. «Des gens sur lesquels on ne tombe qu’une fois dans une vie.» Celui qui entre et sort de chez elle est invité à laisser un mot sur sa porte, sur laquelle est fixé un tableau noir. Elle propose des feutres orange, bleu, jaune pour griffonner quelque chose. Ça égaie. Son logement HLM est sur deux étages, dans une zone de lotissement aux allures de périphérie, dans la périphérie.
Euphorie
Aurélie, 35 ans, vit à Sussargues, dans l’Hérault. Pendant des mois, elle a occupé, les samedis, un rond-point à Vendargues, pas loin, à la sortie de l’autoroute A9, et un autre, le