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Endroits de vote

Gilets jaunes: le vote après la révolte

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Election Présidentielle 2022dossier
Trois ans après l’euphorie des premiers regroupements sur les ronds-points, trois manifestants du Gard et de l’Hérault racontent leur déception, leurs situations qui n’ont pas changé. Et leur colère qui trouve un écho aux extrêmes, entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
Aurélie est femme de ménage près de Montpellier. Mère célibataire, la gilet jaune ne parvient pas à boucler ses fins de mois. (David Richard/Transit pour Libération)
publié le 29 mars 2022 à 19h36

Endroits de vote

Jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle, «Libération» arpente des lieux qui ont marqué l'actualité du quinquennat, et raconte comment le quotidien des habitants résonne avec les débats politiques du moment.

Aurélie, femme de ménage, fait du troc avec sa coiffeuse, son ostéopathe et tous ceux qui n’ont rien contre le procédé. Elle nettoie le salon contre une couleur, le cabinet pour une séance. Son dos est en vrac. Elle dit : «J’y vais au culot, je dis la vérité.» Elle a 35 ans, deux enfants, une chienne taille oursonne, 700 euros de revenus par mois, gérés par une curatelle. Avec sa coiffeuse, elles tiennent un carnet de comptes pour maintenir un équilibre – «une heure de ménage vaut tant… je te dois tant». Elles s’arrangent.

Dans sa cuisine ouverte, elle fait couler deux cafés, d’une machine à capsules qui lui a été offerte. L’un de ses clients, pilote d’avion, lui donne un coup de main quand il le peut. Il change l’ordinateur de ses gamins ? Il lui file l’ancien. Et quand le litre de carburant est devenu plus cher qu’un caoua, il a mis 101 euros dans son réservoir, pour qu’elle puisse assurer les tournées. «Des gens sur lesquels on ne tombe qu’une fois dans une vie.» Celui qui entre et sort de chez elle est invité à laisser un mot sur sa porte, sur laquelle est fixé un tableau noir. Elle propose des feutres orange, bleu, jaune pour griffonner quelque chose. Ça égaie. Son logement HLM est sur deux étages, dans une zone de lotissement aux allures de périphérie, dans la périphérie.

Euphorie

Aurélie, 35 ans, vit à Sussargues, dans l’Hérault. Pendant des mois, elle a occupé, les samedis, un rond-point à Vendargues, pas loin, à la sortie de l’autoroute A9, et un autre, le