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Libération
Risque sanitaire

Grippe aviaire : les autorités sanitaires françaises sur le qui-vive

Si toute possibilité de pandémie d’influenza aviaire est pour l’heure écartée, les autorités sanitaires restent préoccupées par la situation sanitaire exceptionnelle observée aux Etats-Unis. En France, aucun cas n’a pour l’instant été recensé chez l’humain.
Fin janvier, on recensait 67 cas de grippe aviaire et un décès aux Etats-Unis. (Soumyabrata Roy/NurPhoto. AFP)
publié le 6 février 2025 à 17h13

Comment le virus H5N1 se transmet-il de l’animal à l’humain ? La situation actuelle est-elle préoccupante ? L’influenza aviaire hautement pathogène pourrait-elle être à l’origine d’une pandémie ? Face à l’inquiétude grandissante autour de la hausse de la transmission du virus à l’humain, le ministère de la Santé, celui de l’Agriculture, Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), réunis face à la presse ce jeudi 6 février, ont annoncé renforcer leur coopération pour la surveillance et la prévention du virus tout en se voulant rassurants : en France, aucun cas de grippe aviaire n’a pour lors été recensé chez l’humain.

Commençons par un bref historique. En 1997, des milliers de volailles et 18 personnes sont infectées par une «peste aviaire» à Hongkong. Le virus se répand sur toute la surface du globe, jusqu’à circuler en France en 2006. L’influenza aviaire H5N1, qui circule à l’origine chez les oiseaux sauvages et captifs, infecte plusieurs espèces de mammifères sauvages (renards, phoques, otaries…) mais aussi domestiques (chats, chiens, porcs) et… les humains. On parle alors de grippe aviaire. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on dénombre environ 900 cas d’infections dans 23 pays au cours des vingt dernières années.

Pas de transmission interhumaine

Mais pour l’heure, inutile de s’alarmer : selon l’OMS et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, le niveau de risque pour la santé humaine est évalué à un niveau «faible» pour la population générale et «faible à modéré» pour les individus exposés dans un cadre professionnel. «D’autant que la transmission interhumaine pour H5N1 n’a pas été observée», pointe Grégory Emery, directeur général de la santé. Une très bonne nouvelle car la transmission entre humains constituerait, selon les scientifiques, le premier signal d’une possible pandémie.

Si tous les signaux sont actuellement au vert, les autorités sanitaires françaises restent sur le qui-vive. D’un côté, le ministère de la Santé s’est dit «prêt» en cas de pandémie. «Nous avons les moyens de la réponse : si d’aventure nous faisons face à une épidémie aviaire, nous avons un système de santé préparé», a martelé Grégory Emery, listant notamment la constitution de stocks de vaccins, d’antiviraux et de masques.

De l’autre, la France garde un œil sur la situation sanitaire inédite observée aux Etats-Unis. Après avoir infecté une première vache laitière fin 2023, le virus s’est massivement répandu dans les troupeaux. Puis chez les humains. Fin janvier, on recensait ainsi 67 cas de grippe aviaire et le tout premier décès lié à la souche H5N1. «La situation internationale justifie notre attention et nous invite à renforcer notre préparation face à une éventuelle souche rendant possible la transmission interhumaine», a poursuivi le directeur général de la santé.

«Les cas sont essentiellement asymptomatiques»

Comment expliquer la transmission à l’homme ? Le virus se répand par voie respiratoire, souligne le directeur général délégué de l’Anses, Gilles Salvat. Dans les élevages infectés, les personnes contaminées le sont par aérosol de gouttelettes. Dans le cas des vaches laitières aux Etats-Unis, les contaminations ont notamment lieu au moment de la traite. Quant à une possible transmission par voie orale, via l’ingestion d’«un produit très fortement contaminé comme du lait», qui se retrouverait dans les voies aériennes à la suite d’une «fausse route», «cela n’a pas totalement été démontré», pointe l’expert.

Côté symptômes, les 80 cas recensés dans le monde en 2024 sont «essentiellement asymptomatiques», pointe Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France. Mais l’éventail des possibilités de manifestation de la maladie est en réalité très large : «Cela peut être une simple conjonctivite, un symptôme grippal classique ou aller jusqu’à une symptomatologie pulmonaire plus grave.»

Outre les mesures pour limiter la propagation du virus au sein des élevages, la vaccination de la grippe saisonnière est recommandée depuis 2022 pour les professionnels, afin d’éviter toute forme de recombinaison virale, qui pourrait créer de nouvelles maladies. Afin de détecter au plus vite les cas de contamination chez les humains, les tests PCR sont désormais systématiquement pris en charge pour les personnes les plus exposées ou qui présenteraient des symptômes. Enfin, en cas d’exposition, il est recommandé d’appliquer les gestes barrières – à savoir le port du masque, le lavage des mains, une aération régulière ou encore la désinfection des surfaces.