Commençons par un portrait-robot. A quoi pourrait ressembler un virus capable d’engendrer une pandémie ? Premier critère, le mode de transmission. «Ceux que nous craignons le plus sont ceux dont la transmission nous concerne tous, avertit Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et professeur au Conservatoire national des arts et métiers. C’est le cas des virus respiratoires : on respire tous, on est donc tous à risque.» Deuxième critère, le taux de reproduction, le fameux R0. Si une personne peut en infecter deux ou trois autres – en sachant qu’il n’y a pas d’immunité préalable, puisque c’est un nouveau virus – «alors 80 à 90 % de la population mondiale sera touchée», poursuit l’épidémiologiste.
Vient ensuite la question de nos moyens pour stopper sa progression. Pour les estimer, il faut se pencher sur la période de contagiosité : si le virus ne se transmet qu’après l’apparition des symptômes, alors un diagnostic et un isolement rapide peuvent stopper la chaîne de transmission. En revanche, s’il se transmet avant même l’arrivée des symptômes et que les personnes asymptomatiques peuvent également en infecter d’autres, «alors les moyens sont très réduits», pointe Arnaud Fontanet. Enfin, le dernier critère à prendre en compte est la sévérité du virus : formes sévères, taux de létali