Parce qu’il jugeait les positions de l’université Reichman de Tel-Aviv «profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste» au regard de «la guerre en cours à Gaza», l‘Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg a choisi de suspendre son partenariat avec l’établissement israélien. Cette décision, dévoilée ce mardi 29 octobre par les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), avait été prise lors d’un conseil d’administration le 25 juin, mais le procès-verbal vient seulement d’être publié sur le site internet de l’Institut.
La motion avait été soumise par la liste Solidarit’Etudiants, qui dispose de huit des dix sièges des représentants étudiants au conseil d’administration, et a également été soutenue par certains enseignants. Le directeur de l’IEP, Jean-Philippe Heurtin, avait exprimé une «très forte réserve» quant à cette proposition. Celle-ci a néanmoins été adoptée par douze voix contre sept et deux abstentions. Douze administrateurs n’ont pas pris part au vote.
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Tout en condamnant «sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023», les auteurs de la motion dénoncent «l’engagement actif» de l’université Reichman de Tel-Aviv dans «un conflit qui conduit au massacre de dizaine de milliers de civils, femmes et enfants» (plus de 43 000 Palestiniens ont été tués dans la bade de Gaza depuis le début de la guerre, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas dans l’enclave). Cet engagement «est en contradiction avec les valeurs humanistes dont se réclame Sciences Po Strasbourg», soulignent-ils. Selon Jean-Philippe Heurtin, le partenariat entre les deux établissements «n’est pas actif actuellement» et «aucun étudiant ne sera envoyé en Israël ni au Liban avant la fin des hostilités».
Invité dans la matinale de BFMTV /RMC jeudi 31 octobre, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé une «décision qui est affligeante» et qui le «désole profondément». «Je déplore cette décision adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration d’un établissement public et en désaccord avec la direction de l’établissement, a-t-il déclaré. Ce n’est pas cette université qui aujourd’hui bombarde au Liban ou à Gaza. Je rappelle que c’est d’ailleurs dans les universités israéliennes que l’on trouve les plus fervents partisans de la paix et de la solution à deux Etats.»
Mise à jour le 31 octobre à 11 heures : ajout de la réaction de Jean-Noël Barrot.