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Libération
Reportage

Hébergement d’urgence : dans les écoles rennaises, «on s’est dit qu’on pouvait agir»

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Des parents d’élèves s’organisent depuis trois semaines pour offrir un toit à des camarades de classe de leurs enfants et à leurs familles qui, après l’évacuation récente de deux campements par les forces de l’ordre, doivent dormir dehors. Une situation précaire et temporaire face au manque de solutions proposées par l’Etat.
Dans une école rennaise, pendant les vacances. (Quentin Vernault/Hans Lucas pour Libération)
par Julie Lallouët-Geffroy
publié le 25 octobre 2022 à 21h05

L’école primaire de l’Ille, à Rennes (Ille-et-Vilaine) devrait être fermée en cette période de vacances scolaires. Pourtant, les grilles sont ouvertes et des enfants entrent. Visage tendu et fatigué, un père suit l’enfilade de bancs d’écoliers, les bras chargés de sacs plastique. Il s’affaire, donne des coups de pompe pour gonfler un matelas. Lui, sa compagne et leurs trois enfants de 4, 6 et 7 ans vont passer leur première nuit dans l’école. Avant, cette famille géorgienne, arrivée à Rennes au printemps, a passé plusieurs mois dans un campement de la ville. La petite fille et ses deux frères s’amusent à rebondir sur le matelas qui sera leur lit pour la nuit et les ­suivantes. C’est la deuxième famille à être accueillie dans les locaux de l’école depuis deux semaines.

Pour Silvère Mazière, le père d’une élève de CM1, tout a commencé par un mail reçu début octobre : «La directrice de l’école a demandé aux parents d’élèves si nous avions des fringues pour des enfants de l’école qui dormaient à la rue. Des enfants qui sont en classe avec ma fille dorment dans des tentes.» Un collectif inter-écoles voyait alors le jour dans la capitale bretonne. Peu après, deux campements de la ville étaient évacués par les forces de l’ordre. Restait aux 150 personnes, dont un tiers d’enfants, qui y vivaient à aller chercher ailleurs un carré d’herbe pour replanter leur tente et appeler le 115 dans l’espoir d’obtenir une place en hébergement d’urgence. En vain. «On sait que cette réalit