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HLM : à Dijon, l’arrière-cour d’une dernière tour

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Aux Grésilles, quartier en rénovation et théâtre d’un affrontement médiatisé et politisé en 2020, la dernière grande barre est promise à la démolition. Les derniers habitants oscillent entre nostalgie, volonté d’avancer et regrets.
L'immeuble Boutaric, dans le quartier dijonnais des Grésilles, doit être démoli mi-2022. (Claire Jachymiak/Hans Lucas pour Libération)
publié le 18 février 2022 à 6h20

Christophe est revenu à Boutaric en ambulance. Il avait habité une première fois cet immeuble, immense, au milieu des années 90. Il précise le matricule, comme si on pouvait douter de lui : «Troisième étage, porte 39.» Après dix ans ailleurs, «chez les bourgeois», le mécanicien à voix rauque et au gabarit sec a fini par y retourner. Gravement brûlé au boulot et hospitalisé à Lyon, il a perdu son appartement en 2018. L’assistante sociale l’a prévenu que ce serait plus simple de trouver quelque chose en HLM. A Dijon, par exemple, dans le quartier des Grésilles, qu’il connaît si bien ? Et pourquoi pas Boutaric que personne ne demande, en dépit de loyers bas ? Christophe y a ses repères et «ses empreintes sur tous les murs». L’ambulance a fait un Lyon-Boutaric pour que le presque quinqua puisse jeter un coup d’œil, pour la forme. En arrivant, il s’est étonné. «Qu’est-ce qu’ils ont fait ?» Il n’y avait plus les jeux d’enfants.

Fin décembre 2020, un courrier est arrivé dans les boîtes aux lettres rénovées. Boutaric, en voie de délabrement global, va être démoli à la mi-2022 et les relogements sont lancés. Le Covid aurait asséché les caisses, les aménagements envisagés et promis sont enterrés. Christophe dit que, trois mois avant, il a eu un face-à-face avec le gardien du secteur. «Il arrivait très tôt et comme je ne dors pas, je le vois arriver avec sa voiture.» Il l’a bloqué «le deuxième mardi de septembre» avec sa dépanneuse. Ultimatum :