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Libération
Reportage

«Ici aussi, on se fait tirer dessus» : à Paris, la colère et la tristesse des manifestants kurdes

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Lors de la grande marche de ce samedi, qui a rassemblé plusieurs milliers de Kurdes «pour la vérité et la justice», les manifestants ont demandé la «levée du secret-défense» et la «fin de l’impunité».
A la marche des Kurdes, samedi, à Paris. (Stéphane Lagoutte/Libération)
publié le 7 janvier 2023 à 18h17

Beaucoup de larmes, de colère digne et de détermination. Une forêt de drapeaux aux tons rouge, vert et jaune représentant le Kurdistan et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, un groupe indépendantiste considéré comme terroriste par la Turquie et l’Union européenne). D’autres drapeaux à l’effigie, sur fond jaune, d’Abdullah Ocalan, le chef historique du PKK emprisonné en Turquie. D’autres encore, violets, arborant le visage de trois femmes, celui des trois militantes du PKK assassinées en janvier 2013 à Paris, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez.

Ce samedi, une foule de Kurdes venus de France et d’Europe se sont rassemblés dès 10 heures du matin devant la gare du Nord, dans la capitale. «Nous attendons 20 000 personnes, environ 80 bus sont venus d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas ou de Suisse», indique Gulê Algunerhan, membre du Congrès national du Kurdistan (KNK). A l’arrière du cortège en formation, des cris et des sifflets fusent. «Nous essayons de contrôler les jeunes qui sont en colère, confie la jeune femme de 32 ans portant un badge «organisateur». Mais leur colère est légitime, nous le sommes tous. Car les membres de la communauté kurde, qui ont dû s’exiler à cause des persécutions subies en Irak, en Iran, en Syrie et en Turquie [où vivent la plupart des Kurdes, un peuple sans Etat de 30 à 40 millions de personnes, ndlr], ne se sentent plus en sécurité à Paris, en France, en Europe. Ici aussi, on se fait