Partir un jour, sans retour… Le maire de la commune de Saint-Ciers-d’Abzac semble avoir préféré le Canada à la Gironde pour refaire sa vie. Mais l’envol outre-Atlantique de Lionel Gachard, un père de famille de 42 ans, boulanger à Libourne en parallèle de son mandat, ressemble plus à une fuite qu’à un départ organisé.
Inquiète de son absence prolongée depuis fin juin, la commune a dû s’organiser tout l’été sans son maire, qui avait seulement annoncé partir en «déplacement professionnel», prévoyant de manquer le prochain conseil municipal, le 15 septembre. Jusqu’à ce jeudi, la petite ville restait sans nouvelles. Seuls des voisins de l’intéressé pouvaient témoigner avoir compris son départ en le voyant remplir un conteneur en juillet. «Il a tout bonnement disparu», a déclaré Philippe Buisson, maire de Libourne, devant ses collègues élus de la communauté d’agglomération.
«Du jamais vu»
Ce jeudi, les gendarmes ont déclaré avoir pu le contacter et «recueillir des éléments rassurants sur sa situation de nature privée», a annoncé le procureur de la République, Loïs Raschel, alors qu’une enquête a été ouverte mercredi 24 septembre.
Le maire démissionnaire a aussi fini par répondre à son équipe municipale : il ne reviendra pas. La procédure est classée, et son poste est à prendre. Mais la tâche, confiée pour l’instant à sa première adjointe pour assurer l’intérim, sera délicate : l’homme décrit comme «atypique» et ne déléguant jamais rien, laisse derrière lui une crise financière à régler.
De nombreux impayés, une trésorerie maigre, des investissements inexpliqués réalisés avec les comptes municipaux… Depuis un an, la commune était suivie par les services de l’Etat après des signalements sur la dégradation de ses finances, d’une telle ampleur que la chambre régionale des comptes a été saisie en août. Selon le sous-préfet de Libourne, Matthieu Doligez, la commune avait intégré en 2025 le réseau d’alerte des collectivités. «Du jamais vu», restent interloqués certains élus locaux.