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Loi Duplomb : des agriculteurs entre colère, soulagement et inquiétude après la censure du retour de l’acétamipride

Un betteravier, une apicultrice et un maraîcher réagissent à la censure, annoncée ce jeudi 7 août, des dérogations pour utiliser l’acétamipride par le Conseil constitutionnel.
Le porte-parole de la Confédération paysanne, Thomas Gibert, devant le Conseil constitutionnel, à Paris, le 7 août. (Stephane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 7 août 2025 à 20h48

Il y a quelques minutes ce jeudi 7 août au soir, le Conseil constitutionnel a censuré les dérogations prévues dans la loi Duplomb pour l’utilisation des néonicotinoïdes. Au téléphone sur son tracteur, Bruno Cardot, producteur de betteraves dans l’Aisne, laisse entendre une colère sourde : «C’est une folie ! On va importer la même chose d’Ukraine.» Il voyait dans le texte un «signe positif» adressé aux agriculteurs, et jugeait utiles des produits comme l’acétamipride pour ses 50 hectares de betterave sucrière, en l’absence, selon lui, d’alternatives pour faire face à la concurrence internationale. «On va avoir un grand plan social, c’est tout ce que vous avez gagné», s’emporte-t-il. Bruno Cardot l’affirme, il arrête la betterave.

Elodie Duca, 33 ans, se dit, elle, soulagée. Apicultrice à Beaupuy, dans le Tarn-et-Garonne, elle s’est arrêtée sur la route pour lire la décision. Elle qui élève 300 colonies d’abeilles avait très peur de la loi Duplomb dans une région productrice de noisettes - des cultures traitées à l’acétamipride. «J’ai des collègues qui ont perdu 20 % de leurs cheptels avant l’interdiction de l’acétamipride», souligne-t-elle. Mais elle compatit avec ses confrères et consœurs tributaires des néonicotinoïdes : «Il faut revoir ce système à bout de souffle.»

Pour Stéphane Bersillon, le soulagement reste mesuré car le reste de la loi n’a pas été censuré. Ce maraîcher bio de 49 ans possède 15 hectares de légumes, fruits, et champignons dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour lui, «il y a encore du chemin» pour parvenir à une juste rémunération de son travail.