Menu
Libération
Reportage

«Il n’y a pas vraiment de problèmes» : dans les bus du Calaisis, des patrouilles de police pour «juguler les flux de migrants»

Article réservé aux abonnés
Depuis fin janvier, des patrouilles sont déployées sur trois lignes de bus du Calaisis empruntées par des exilés. Un dispositif annoncé par le ministre de l’Intérieur en novembre pour «améliorer la sécurité du quotidien». A bord, les habitants se montrent plus compréhensifs qu’angoissés.
Lors d’un déplacement fin novembre, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé sa volonté «d’améliorer la sécurité du quotidien, notamment via la création de patrouilles de police dans l’objectif de sécuriser les transports en commun du littoral, fréquemment utilisés par les migrants pour tenter la traversée». Ici à Calais, en 2015. (Laurent Mayeux/Collectif DR)
par Clémence de Blasi, Envoyée spéciale dans le Calaisis
publié le 18 février 2025 à 13h54

Mêmes causes, mêmes effets : à Calais, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 février, une personne est morte en tentant de traverser la Manche, dans le naufrage de l’embarcation sur laquelle elle se trouvait parmi 70 passagers. Quelques heures plus tard, un trentenaire, pieds nus dans des claquettes en plastique par 4°C, un gros sac poubelle noir à proximité, attend le bus numéro 3 à côté de la gare.

Calaisienne de toujours, Brigitte Lips ne s’étonne plus de ce genre de scène. «La sécurité civile a dû lui donner des sandales parce qu’il a perdu ses chaussures dans la mer, soupire la sexagénaire. Dans les sacs poubelles, après une tentative ratée, ils mettent toutes leurs affaires mouillées…» Voilà plus de vingt ans que cette restauratrice retraitée ouvre chaque jour la porte de son garage aux exilés du littoral, qui viennent y recharger leurs portables, manger un morceau ou simplement se réchauffer.

Elle n’a «jamais eu peur» de les côtoyer, assure-t-elle. Tout en disant comprendre les parents des collégiens et lycéens du secteur, pas toujours rassurés à l’idée que leurs adolescents soient parfois amenés à monter dans des véhicules dans lesquels se serrent plusieurs dizaines d’exilés.

«On sait qu’ils ne font pas de mal»

Lors d’un déplacement sur le littoral fin novembre, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé sa volonté «d’améliorer la sécuri