Ce mardi, le débat sur l’immigration entre à l’Assemblée nationale dans un contexte tendu. Il y a quelques semaines, l’accueil du navire ambulance de SOS Méditerranée, l’Ocean Viking, en France a crispé les positions. Quand il s’agit d’immigration, les craintes de la droite et de l’extrême droite sont parfois plus audibles que les voix qui s’élèvent pour un accueil digne. François Héran, sociologue, anthropologue et démographe a dirigé l’Institut national d’études démographiques pendant dix ans. Il déplore une forme d’«amnésie» collective de la part des dirigeants en matière d’immigration et rappelle que dans l’Hexagone, la plupart des migrations sont contrôlées.
On a l’impression que le débat autour de l’immigration en France est devenu inaudible ces dernières années. Cela a-t-il toujours été le cas ?
Le sujet a toujours été polémique. Pour chacune des lois immigration débattues, que ce soit Pasqua ou Debré, les polémiques ont été vives. Ce que je constate, c’est qu’il y a une certaine amnésie qui s’installe. Le retour périodique des polémiques s’appuie souvent sur l’oubli collectif. Par exemple, quand il est question des obligations de quitter le territoire français [OQTF, ndlr], de 1994 à 2004, les ministres de l’Intérieur et de la Justice enjoignaient chaque année les préfets