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Libération
«Nettoyage social»

«A Bordeaux, ils ont pris le temps de m’accompagner» : en Gironde, des migrants en quête d’espoir

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Contraints de quitter Paris et ses environs, des expulsés trouvent, en dehors de la métropole, un accueil temporaire dans des «sas», et l’espoir d’un relogement.
Le 20 décembre 2023 au MS Bordeaux, un bateau reconverti en refuge. (Philippe Lopez/AFP)
par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux
publié le 22 mars 2024 à 8h20

Il était 7 heures ce jour de juillet 2023, à Paris, quand Godfrey a vu arriver le bus au loin. Un souvenir «pas très heureux». Accompagné de sa femme, Queen, enceinte, et de leur petite fille âgée d’un an, la famille monte dans le véhicule aux côtés de 40 autres migrants en direction de Bordeaux. Ils s’apprêtent à rejoindre l’un des dix «sas d’accueil temporaire» ouverts en région au printemps dernier et destinés à accueillir les migrants franciliens. «C’était effrayant. On ne savait pas exactement où on allait, mais on n’avait pas le choix. Des travailleurs sociaux nous ont dit que ça serait le seul moyen d’avoir une solution pour l’avenir», se remémore Godfrey. Malgré la peur qui le «prend au bide», l’ancien étudiant en journalisme d’origine nigériane, contraint de fuir son pays pour sa sécurité, se dit que Paris n’a plus rien à lui offrir : ni toit ni job. Aucun avenir joyeux. Arrivé en France en 2017, il a épuisé tous ses recours pour obtenir une meilleure situation. «Je passais ma vie à appeler le 115. Alors quand on nous a proposé d’aller en région, on s’est dit que ça ne pouvait pas être pire.»

Godfrey et sa famille ont passé environ trois semaines dans le sas girondin, un ancien collège réhabilité où la préfecture accueille «des cohortes» toutes les trois semaines environ. Sur place, trois référents gèrent la vie quotidienne, notamment l’hygiène et la sécurité. Une travailleuse sociale s’occupe de l’accompagnement et des démarches ad