C’est un amas de pierres au bord du précipice, surplombé d’un panneau de bois. A Briançon (Hautes-Alpes), point de passage de nombreux migrants qui pénètrent en France par le dangereux col de Montgenèvre, des associations ont érigé le 6 février un monument «aux mort·es des frontières». Hommage aux douze personnes mortes entre mai 2018 et octobre 2023 en tentant de franchir la frontière italienne depuis la ville d’Oulx, selon le décompte de l’association briançonnaise Tous Migrants. Le monument, construit à l’image des cairns, ces tas de pierres qui jalonnent les routes alpines pour guider les promeneurs et célébrer la mémoire des défunts, marque d’ailleurs l’endroit même de la chute qui fut fatale, le 29 octobre, à un jeune Tchadien tombé de la falaise et noyé dans la Durance.
Seulement voilà : la mairie de Briançon a décidé qu’elle ne voulait pas de ce mémorial. Dans un courrier daté du 7 mars, que Libé a pu consulter, la municipalité reproche au collectif à l’initiative de l’instauration du monument d’avoir agi «sans autorisation préalable». Et l’édile étiqueté divers droite, Arnaud Murgia, élu pour la première fois en 2020, d’exiger son retrait dans un délai de quinze jours, c’est-à-dire d’ici au 22 mars. «Dans le cas contraire, je me ver