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Libération
Reportage

A Mayotte, des exilés africains délaissés dans un camp de la honte

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Faute d’hébergements, les autorités laissent des immigrés survivre dans des conditions scandaleuses dans une forêt près de Mamoudzou. Et ce alors que l’accès à la préfecture a été bloqué par des Mahorais pendant plusieurs mois et qu’ils pourraient peut-être bénéficier du statut de réfugié.
Dans un camp de migrants en provenance d'Afrique, à Tsoundzou II (Mayotte), le 11 mai 2025. (David Lemor/Libération)
publié le 2 juin 2025 à 18h06

Sous des tentes fournies par l’association Acted ou des bâches plastique, plus de trois cents migrants africains vivent depuis mi-février dans une forêt de Mayotte, à l’ombre de grands arbres qui ont survécu au cyclone Chido de décembre. Lorsqu’il pleut, la terre de latérite rouge se transforme en boue qui pénètre dans les abris. Les occupants ont obtenu l’eau courante il y a trois semaines, cinq robinets près d’un champ de manioc, grâce à l’intervention d’une ONG. Mais ils ne disposent toujours pas de latrines, ni de douches.

«Je suis obligée de faire caca au bord de la route devant mon garçon», s’indigne Aïcha Mirindi, la trentaine, arrivée clandestinement en mars de république démocratique du Congo, comme la plupart des occupants. La jeune femme raconte avoir été violée à son domicile de Goma, une ville frontalière du Rwanda, par «des hommes armés». Cette zone est en guerre : le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda,