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Libération
Reportage

A Paris, après plus d’un mois d’occupation, des jeunes migrants ont transformé la Maison des métallos en «maison de luttes»

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Depuis le 6 avril, le bâtiment culturel du XIe arrondissement de la capitale abrite 170 jeunes se revendiquant mineurs non accompagnés. Un dossier symptomatique de la crise de la politique de l’hébergement d’urgence dans la capitale.
Départ d'une marche contre le colonialisme, le racisme et le fascisme organisée depuis la Maison des métallos, le 20 avril. (Eric Broncard /Hans Lucas. AFP)
publié le 14 mai 2024 à 21h39

Abdoulaye se tient droit dans la cour pavée. Il parle d’abord des origines, le parc de Belleville, les jeunes migrants comme lui qui étaient «100, puis 200, puis 400» à dormir dans ces quelques hectares verts du XXe arrondissement de Paris. C’était en septembre. Ça a duré des semaines. Abdoulaye et les autres pensaient qu’il valait mieux «se cacher dans le parc», ne pas «visibiliser» leur situation. Ils en sont revenus. Depuis, il y a eu quelques occupations comme à la Maison de l’air de Belleville, l’Académie du Climat, ou le 104. Entre-temps, c’est la rue. Sous les ponts parisiens, à la sortie de tunnels. Le 6 avril, lui comme une centaine de jeunes migrants ont investi la Maison des métallos, dans le XIe arrondissement et l’ont transformée en «maison de luttes». La leur en premier lieu.

Ils se revendiquent mineurs non accompagnés. Ils sont 170. Ils viennent majoritairement d’Afrique de l’ouest. A leur arrivée sur le sol français, ils ont entamé une procédure de reconnaissance de minorité, la plupart à Paris, Créteil ou Bobigny, qui a été rejetée par les départements. Ils sont donc exclus des dispositifs de la protection de l’enfance, en attente pendant plusieurs mois de leur recours auprès d’un juge des enfants.

Crise de la politique de l’hébergement d’urgence

Les jeunes dorment dans la grande salle vitrée à la Maison des métallos, à l’étage. Il n’y a pas de matelas, sim