Aboubacar Ba est installé sur un banc au fond de la salle. Il écoute les affaires qui se succèdent au tribunal correctionnel de Paris en attendant que son nom soit prononcé par la présidente. Il y a du monde pour un vendredi. Des soutiens ont fait le déplacement. Des travailleurs immigrés originaires d’Afrique de l’Ouest ; nombreux sont à la retraite. Aboubacar Ba, qui habite dans un foyer de travailleurs immigrés, à Paris, est en conflit contre le bailleur Adoma. Il doit libérer sa chambre. Une expulsion. La raison ? Aboubacar Ba, 55 ans, a hébergé une tierce personne. Son petit frère.
La présidente prononce son nom en fin de matinée. Aboubacar Ba se lève. Il est grand, une veste jaune, il se tient droit. Un ami lui tient le bras pour l’accompagner. Il est aveugle. L’ancien travailleur dans les chantiers, dans la «main-d’œuvre», a perdu la vue à la suite d’un glaucome. C’était en 2014. Il a également des problèmes de motricité. Aboubacar Ba est originaire du Sénégal, qu’il a quitté en 1992 pour la France. Sa famille, femme et enfants, est toujours là-bas.
Signer des contrats sans être en mesure de les lire
La parole est donnée en ouverture à l’avocate du bailleur. Elle dit : «Ce sont des chambres pour une personne avec un mobilier fourni dans la chambre. Les locataires n’ont pas le droit d’héberger un invité sans prévenir le bailleur et pour une durée totale de trois mo