Amir (1) apparaît à l’écran. Une casquette sur le crâne et une clope à la bouche. Il a 17 ans depuis quelques semaines. Il en fait beaucoup plus. Amir est arrivé en France, à Toulouse, en 2021. Il a quitté l’Algérie, en traversant la mer sur un canot pneumatique, avec des rêves plein la tête. Le mineur vend des clopes et du shit, dort dans un squat. Son futur est impossible à imaginer. Il avance dans le brouillard en gobant des cachets pour se «donner de la force» et du «courage». Il nous raconte son parcours, de l’autre côté de l’écran, en sirotant un café.
Amir a grandi à Tigditt, un quartier populaire de Mostaganem. Une ville dans l’ouest du pays, en bord de mer. Les plages sont grandes et belles. Amir a deux grands frères, une grande sœur et deux petits frères. Son père turbine au port de la ville. Sa mère charbonne à la maison. Ses parents sont nés dans la ville portuaire. Il a des cousins et des cousines dans toute la ville.
Récit
Sa première clope c’était en été, à 12 ans sur la plage pas très loin, à Sidi Mejdoub. Sa démission définitive de l’école aura lieu un été plus tard. Habib – qui nous a mis en relation avec Amir – a passé son adolescence à ses côtés. «Il a toujours été vif, il bougeait tout le temps, il faisait des petites conneries et il parlait toujours de la France. Il aimait bien embêter les immigrés qui venaient en vacances parce qu’il voulait être comme eux. Il regardait les bateaux de marchandises qui arrivaient au port en chantant des chanson