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Libération
Reportage

Au Pays basque, un centre public d’accueil pour les migrants unique en France

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A quelques kilomètres de la frontière espagnole, un centre public d’accueil pour les migrants a accueilli plus de 35 000 personnes en cinq ans. Une curiosité dans le paysage national, devenue un point de repère et un lieu de répit pour les exilés, épargné par le tumulte politique qui traverse le pays.
Un migrant sur son lit dans la salle du réfectoire de Pausa, à Bayonne, le 29 mai 2024. (Guillaume Fauveau/Hans Lucas pour Libération)
par Carole Suhas, Correspondante au Pays basque
publié le 2 juillet 2024 à 8h57

Certains sont arrivés dans la nuit, d’autres au petit matin. A Bayonne, ce mercredi 29 mai à 8 heures, le petit-déjeuner servi dans le centre d’accueil pour migrants rassemble les quarante exilés qui ont passé la frontière franco-espagnole quelques heures plus tôt. Dans la vaste salle au sol carrelé, des rangées de lits de camp. Sous les couvertures, les corps encore endormis de ceux qui ont marché toute la nuit pour arriver dans ce centre baptisé «Pausa», ou «la pause» en basque.

L’endroit est unique en son genre en France : né en 2019, il a vu passer 35 000 personnes depuis son ouverture, que ce soit pour un arrêt de quelques heures ou bien de quelques jours sur la route vers de grandes métropoles françaises ou européennes. Expérience institutionnelle – gérée par la ville de Bayonne et financée par l’Agglomération Pays basque, sorte d’intercommunalité XXL qui réunit 158 communes basques –, «Pausa» est devenue un élément du décor local après avoir été envisagée comme solution provisoire à une situation de crise. Loin des récits anxiogènes qu’en livre l’extrême droite depuis des années, et encore plus depuis cette campagne des législatives express, l’accueil se dessine ici humaniste et consensuel.

«Les premiers temps ont été conflictuels»

En 2018, le durcissement des contrôles en Italie provoque un changement de trajectoire des migrations. Les exilés d’Afrique subsaharienne empruntent alors la voie dite occidentale, premier point d’entrée en Europe : l’Espagne, via les Canaries, les Pyrénées ensuite. Cette nouvelle ro