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Identité

C’est quoi être français ? «Que je le sois ou pas, ça ne dit pas grand-chose de moi»

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Alors que le Premier ministre François Bayrou souhaite organiser un «large débat public» sur l’immigration, «Libé» est allé à la rencontre de détenteurs de la nationalité française et d’étrangers installés sur le territoire depuis de longues années pour qu’ils racontent ce qui fait, selon eux, l’appartenance nationale.
Bahareh, dessinatrice française d'origine iranienne, à Paris, le 14 février 2025. (Marie Rouge/Libération)
publié le 17 février 2025 à 16h30

Ça commence par un message. «Bonjour, j’ai lu avec intérêt (et tristesse) votre article dans Libé sur les lycéens du XIXe qui dorment dans la rue. Nous habitons le XIXe. Nos enfants sont partis et nous avons de la place. Nous ne sommes pas toujours là, et donc pas en mesure de proposer un hébergement permanent, mais je voudrais savoir si un hébergement temporaire peut être utile, ou pas, et à qui le proposer.» Charles, 66 ans, a grandi un peu partout. Son père travaillait pour les Nations unies. Il a croisé tout au long de son enfance des cultures différentes. «J’ai eu cette chance, c’est ce qui m’a permis de ne pas me replier sur moi-même.» Charles, qui est irlandais (par son père) et français (par sa mère), déteste le concept d’identité. Il préfère le mot «appartenance». Au téléphone, je lui demande :

«Vous appartenez à qui ?

— A ceux qui aiment la France, l’Irlande, mais aussi le Kenya, où j’ai vécu, la démocratie et l’andouillette. Une appartenance, c’est ce qui permet aux gens de se retrouver sans se replier.

— C’est quoi être français selon vous ?

— Je dirais que c’est une personne ouverte qui aime la vie, la bouffe et qui râle toujours un peu.»

Charles héberge actuellement deux lycéens qui dormaient à la rue. «Tout se