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Analyse

«Colonie de peuplement» : en Nouvelle-Calédonie, l’immigration reste un sujet explosif

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Les indépendantistes voient dans le dégel du corps électoral une nouvelle tentative de dilution du peuple kanak. Ces dernières années, les prises de position en faveur d’une politique migratoire volontariste émanaient du monde économique, inquiété par une vague de départs de la population européenne.
Des manifestants brandissent des drapeaux kanaks à un barrage routier indépendantiste à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 22 mai. (Mmiias/ABACA)
publié le 4 juin 2024 à 12h58

«Non à la colonie de peuplement», martèlent les indépendantistes, dont la mobilisation contre le dégel du corps électoral a viré à l’insurrection le 13 mai. La formule est explicite : pour les partisans de Kanaky, donner le droit de vote aux 12 400 personnes installées depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie reviendrait tout simplement à lancer une nouvelle dilution du peuple kanak, devenu minoritaire en Nouvelle-Calédonie au début du XXe siècle.

Avec environ 112 000 (41 %) des 271 000 habitants du pays en 2019, année du dernier recensement, la communauté kanak restait la plus importante, devant les Européens (24 %) les Wallisiens et Futuniens (8 %) et les Tahitiens (2 %), 11 % des répondants ayant déclaré appartenir à plusieurs communautés. Les Kanaks sont redevenus majoritaires vers 1956 : avec 35 000 personnes, ils représentaient alors 51 % de la population. Malgré une très forte natalité au cours des six décennies suivantes, ce pourcentage a chuté jusqu’à 39 % en 2014, sous l’effet d’une forte immigration lié