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«Politique de maîtrise»

Discours de politique générale : sur l’immigration, Barnier ne fait pas du Retailleau mais appelle à plus de fermeté

Le Premier ministre a annoncé ce mardi 1er octobre vouloir une prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière, et ne s’interdit pas d’ouvrir une «discussion» sur l’accord migratoire de 1968 entre la France et l’Algérie.
Michel Barnier ce mardi 1er octobre, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale. (Albert Facelly/Libération)
publié le 1er octobre 2024 à 18h29

Les drames se mêlent parfois à la politique. La mort cruelle de Philippine a relancé le débat sur l’immigration et les obligations de quitter le territoire (OQTF). Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a occupé l’espace médiatique ces derniers jours pour dire que «l’immigration n’est pas une chance pour la France». Les associations et les politiques de gauche ont crié leur désaccord. Ils ont également demandé au Premier ministre de réagir pour recadrer son ministre, applaudi par le Rassemblement national. Alors ? Michel Barnier est resté entre les lignes ; aucune grande annonce derrière son pupitre à l’Assemblée nationale, mais une direction. «Nous avons aussi besoin d’une politique de maîtrise de l’immigration, a-t-il déclaré lors de sa déclaration de politique générale, ce mardi 1er octobre. Il est urgent de sortir de l’impasse idéologique où les uns et les autres l’ont mise. Ce sujet, qui ne laisse personne indifférent, doit être traité avec la gravité et l’humanité qu’il mérite plutôt que d’être instrumentalisé dans des controverses. L’immigration est une question que nous devons regarder avec lucidité et affronter avec pragmatisme.»

Le Premier ministre promet – comme ses prédécesseurs – de travailler à «un traitement plus efficace et en proximité des demandes d’asile pour que les demandeurs obtiennent rapidement une décision». Il compte aussi proposer la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière, pour mieux exécuter les OQTF – 10 % sont exécutées en moyenne. Une manière de répondre à la polémique après la mort de Philippine. Le suspect, qui venait de sortir de centre de rétention administrative, était sous le coup d’une OQTF. Une réunion est programmée avec les préfets la semaine prochaine pour évoquer le sujet.

«Accords bilatéraux» conclus de longue date

Michel Barnier, qui répète que la France continuera, «aussi longtemps que nécessaire», à rétablir des contrôles à ses «propres frontières», comme l’Allemagne vient de le faire, regarde aussi du niveau de l’Europe. Ça donne : «Le récent Pacte européen sur la migration et l’asile prévoit de maîtriser les flux en opérant les contrôles aux frontières extérieures de l’UE. C’est à ces frontières-là que l’on décidera qui est en droit d’entrer sur le territoire de l’UE au nom du droit d’asile, et qui ne l’est pas.»

Enfin, comme Bruno Retailleau, le Premier ministre ne s’interdit pas d’ouvrir une «discussion avec les pays concernés par des accords bilatéraux conclus de longue date lorsqu’ils ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui». De quoi parle-t-il ? De l’accord entre la France et l’Algérie, signé en 1968, qui réglemente les circulations, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France. Un accord dénoncé depuis des années par une partie de la droite et par l’extrême droite.