Les vives alarmes du monde universitaire et les grandes réticences de la ministre de la Recherche, Sylvie Retailleau, n’y auront rien changé. Le projet de loi immigration, voté mardi 19 décembre à l’Assemblée nationale, comprend deux mesures qui ciblent les étudiants étrangers, qui étaient, lors de la dernière année universitaire, environ 400 000 en France. L’une, imposée par la droite, consiste à obliger les étrangers qui demandent un titre de séjour étudiant à déposer une caution pour couvrir le «coût des frais d’éloignement» – pour fixer son montant, indique le texte, les critères d’éligibilité des étudiants aux bourses seront pris en compte. L’autre prévoit la majoration des droits d’inscription pour les étudiants qui ne viennent pas de l’Union européenne, un dispositif que la macronie avait déjà mis en place mais qui bénéficiait jusqu’à présent de larges dérogations. Deux mesures qui, de l’avis presque général dans l’enseignement supérieur, risquent de dissuader nombre d’étudiants étrangers de venir étudier en France.
«Ce sera une très grande perte pour la recherche»
Romain Huret, président de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
«L’adoption de la loi immigration est une très mauvaise nouvelle. En durcissant les conditions de venue sur notre territoire, cette loi envoie un signal délétère à l’heure où les universités européennes et du monde entier cherchent à attirer les étudiants. L’EHESS s’est toujours enrichie des circulations internationales : son corps enseignant est composé à 40 % de binationaux et la moitié de nos étudiants sont étrangers. Ce sont eux qui font vivre nos labor