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«Et pour nous, est-ce que la France est une chance ?» : après les propos de Bruno Retailleau, la colère des immigrés

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Après les propos de Bruno Retailleau sur l’immigration dimanche, «Libération» est allé à la rencontre des premiers concernés.
Sur un chantier en France dans les années 70. (Marc Charuel/Photo12)
publié le 30 septembre 2024 à 21h08

Allongé sur son lit d’hôpital, il regarde la petite télé accrochée au mur. Le visage du président de la République apparaît. Sofiane souffle en faisant mine de changer de chaîne avec la télécommande. «Je ne peux plus le voir, il est grave celui-là.» Sur la petite télé, des chroniqueurs et des débatteurs évoquent la mort de Philippine et l’immigration irrégulière avec un air sévère. Le fait divers avait fait réagir le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a appelé à plus de fermeté. Sofiane écoute. Il donne son avis comme les gens de la télé : «Comment une personne qui sort de prison peut faire une chose comme ça alors qu’elle doit être expulsée ? Normalement, ce n’est pas possible.» Son voisin de chambre acquiesce. Les deux gars racontent leur parcours de vie. Sofiane, 60 ans, est le plus bavard. Il fait le bilan de ses jours passés. «C’était dur et maintenant je suis très malade.»

«Est-ce que Bruno Retailleau ramasse la merde comme les immigrés ?»

Le père de famille – un garçon et deux filles – a un cancer «sévère». Les bonnes nouvelles sont rares dans la bouche des médecins. Combien de jours lui reste-t-il ? Il ne sait pas vraiment. «Je crois que ce n’est pas beaucoup», souffle Sofiane en regardant le plafond. Il avait de grands rêves au milieu des années 80. Il quittait Tlemcen, grande ville de l’Ouest algérien, pou