
Reportage
Exilés en Méditerranée : à Marseille, une thérapie pour «transformer leur rapport à l’eau»
Le soleil est déjà haut lorsque les participants au projet Aquarius arrivent sur le Vieux-Port de Marseille, le pas hésitant. Au club de plongée le Bateau jaune, c’est de pied ferme qu’on attend les jeunes exilés. A peine attablés, l’équipe leur explique la marche à suivre, les consignes de sécurité à respecter. On distribue les combinaisons en néoprène, qu’ils se débattent pour enfiler, les membres empêtrés dans une maladresse propre à l’adolescence.
Les mines sont basses en cette matinée de juillet. Impossible de dire s’il faut accuser les douze heures de trajet, la veille, entre Chartres et ce coin de Provence, ou si l’appréhension commence à pointer chez les mineurs non accompagnés («MNA») : ils s’apprêtent à plonger dans la mer, une première depuis leur trajet, sur des bateaux de fortune, pour rejoindre l’Europe.
Confiance renouvelée
En route vers les îles du Frioul, le bateau accélère. Les mains s’agrippent au cordage, se crispent. Certains visages aussi. Ce n’est qu’une fois plongé dans l’eau que Mohamed, Guinéen de 16 ans, respire enfin. Le détendeur dans la bouche, l’oxygène à portée de souffle, il affirme se sentir en sécurité. Ali, lui, préfère flotter. Du haut de ses 14 ans, le jeune Malien ne se laisse pas plus impressionner par les concombres de mer que par les oursins. Il plonge pour mieux remonter, puis passe de longues minutes sur le dos, les y