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Répression

Gaîté lyrique : une vingtaine de jeunes migrants placés sous OQTF, selon le collectif

Après l’évacuation du lieu culturel parisien qu’ils occupaient depuis trois mois, les jeunes ont été remis à la rue par la police. Selon le collectif qui coordonnait l’occupation, une vingtaine auraient reçu l’ordre de quitter le territoire.
Lors de l'évacuation de la Gaîté lyrique, mardi. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 20 mars 2025 à 19h09

Le jour d’après est brutal. Après l’expulsion manu militari mardi 18 mars à l’aube des quelque 450 jeunes migrants qui occupaient depuis trois mois la Gaîté lyrique pour réclamer l’accès à un hébergement décent et à une scolarisation, une vingtaine d’entre eux feraient désormais l’objet d’obligations de quitter le territoire (OQTF). C’est ce qu’a affirmé ce jeudi le Collectif des jeunes du parc de Belleville, qui a dénoncé dans un communiqué des «mesures totalement arbitraires et illégales, puisque les mineurs en recours ne peuvent pas être sujets à des OQTF».

Si le chiffre n’a pas pu être confirmé par la préfecture pour le moment, le collectif dit qu’«au moins 25 d’entre eux repartent avec une OQTF, malgré les papiers attestant de leur recours de minorité». «Leurs dates de naissance ont été modifiées par la police malgré les documents d’identité qu’ils présentaient. Un jeune aurait ainsi atteint ses 18 ans le jour même de l’expulsion, quel hasard !» «Mais nos avocats ont confirmé qu’on pourrait faire des recours» pour contester la décision, a ajouté lors d’une conférence de presse ce jeudi matin Fouss, l’un des délégués du collectif, cité par l’AFP.

«A la rue, dispersés dans Paris»

Depuis leur évacuation mardi par les forces de l’ordre, les 450 jeunes migrants qui occupaient la Gaîté lyrique depuis le 10 décembre sont «à la rue, dispersés dans Paris», a affirmé le collectif, «et la police les pourchasse pour les embarquer». Une soixantaine d’entre eux auraient été arrêtés et emmenés aux commissariats du XIIe et XVIIIe arrondissement au moment de l’évacuation du lieu culturel, selon le collectif, qui dénonce plusieurs cas de violences commises par la police au cours d’une évacuation «brutale».

Plusieurs jeunes migrants devaient passer un test mercredi pour que leur minorité soit reconnue mais n’ont pas pu le faire à cause de l’évacuation, a expliqué Fouss lors de la conférence de presse. «Ils vont pouvoir le passer plus tard mais c’est très compliqué de prendre rendez-vous», a-t-il ajouté. Il a également souligné la difficulté des différentes démarches administratives pour les jeunes qui sont de retour à la rue. «A la Gaîté lyrique, c’était plus simple, il y avait de la solidarité, maintenant c’est compliqué car les jeunes sont pourchassés par la police et doivent se déplacer dans Paris, pour aller aux distributions alimentaires par exemple», a précisé le délégué du collectif.

Collecte de vêtements, de couvertures et de tentes

Depuis l’évacuation, des associations s’activent pour tenter de venir en aide aux jeunes qui se retrouvent à la rue, et dont beaucoup ont perdu les quelques affaires qu’ils possédaient, restées entre les murs de la Gaîté lyrique au moment de l’expulsion. L’association Sous le même ciel, qui épaule les mineurs non accompagnés, a notamment appelé à une collecte de vêtements, de couvertures et de tentes samedi toute la journée dans l’enceinte du tiers-lieu les Arches citoyennes, dans le IVe arrondissement de Paris.

La direction et les salariés de la Gaîté lyrique, qui vont pouvoir réinvestir le lieu, ont quant à eux exprimé leur «tristesse» de voir les adolescents retourner «à la rue» après l’évacuation : tout au long des trois mois d’occupation du bâtiment, ils avaient insisté pour que les jeunes ne soient pas expulsés sans être mis à l’abri, selon la directrice de l’institution, Juliette Donadieu.

La préfecture d’Ile-de-France affirme avoir proposé un hébergement d’urgence aux migrants mais que «la plupart ont refusé les solutions de prise en charge qui étaient proposées», avait indiqué mardi le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ajoutant que seuls six avaient accepté une solution d’hébergement. Avant l’expulsion, les membres du collectif avaient assuré qu’ils n’accepteraient pas des relogements hors de Paris, où les jeunes ont entamé leurs démarches administratives.