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Récit

«Il a le droit de vivre sa vie comme tout le monde» : l’histoire d’Abdi, ex-pirate somalien repenti

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L’homme faisait partie des assaillants impliqués dans une prise d’otages sur un voilier français en 2009, qui a causé la mort d’un marin. Sous le coup d’une OQTF, celui qui est soutenu par la veuve du défunt et les habitants du village breton où il a reconstruit sa vie, sera fixé sur son sort vendredi.

Abdi, dans le café où il se rend souvent pour retrouver ses amis, le 10 février 2025 à Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine). (Louise Quignon/Libération)
ParRachid Laïreche
Envoyé spécial à Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine)
Publié le 12/02/2025 à 19h04, mis à jour le 14/02/2025 à 16h25

Chloé Lemaçon aime la mer et les bateaux depuis son enfance. Elle aurait pu vivre sur un voilier, elle aurait été heureuse. Quand elle rencontre Florent, elle a 26 ans. Comme elle, il est «humaniste», «décroissant», «antimilitariste» et amoureux du philosophe Spinoza. Ils vivent leur passion à grande vitesse. Un enfant, Colin, un an plus tard et un voilier métropolitain de douze mètres, le Tanit, acheté dans la foulée. Chloé et Florent se sentent à l’étroit dans la France de Sarkozy. En 2008, ils prennent le large en famille – deux amis complètent l’équipage. Le rêve se transforme en drame une année plus tard. Des pirates montent à bord du Tanit à près de 1 000 kilomètres de la côte somalienne. «Florent était le capitaine à bord, il faisait très attention. On savait qu’il y avait des actes de piraterie, mais nous ne sommes jamais allés dans la zone à risque.» Une balle de la marine touche accidentellement Florent. Il meurt.

A l’étage du café Le Central, collé à la mairie d’Hédé-Bazouges, en Ille-et-Vilaine, Mahmoud Abdi Mohamed, dit Abdi, jette une aspirine dans son verre d’eau. Son cerveau planqué sous une casquette est en surchauffe. «J’ai t