«Envahissement», «submersion», «grand remplacement»… Ces dernières années, ces mots ont fait irruption dans le discours politique des partis de droite à l’extrême droite. Un champ sémantique loin de la réalité de l’immigration en France mais qui, à la veille du second tour des législatives, est utilisé par le Rassemblement national pour diviser, susciter la peur et légitimer des propositions radicales. Avant eux, pendant cinquante ans, les personnalités politiques au pouvoir ont ouvert le champ à ces concepts, en interrogeant tour à tour, de Charles Pasqua à Gérald Darmanin en passant par Nicolas Sarkozy, la capacité des étrangers à s’intégrer en France.
1974 : la fin de l’immigration économique
Jusqu’en 1974, la France avait été plutôt favorable à l’accueil des étrangers, notamment dans le cadre du travail. Il y avait, dans les usines françaises notamment, un besoin important de main-d’œuvre prête à accepter des conditions de travail difficiles. L’élection de Valéry Giscard d’Estaing marque un tournant. Pour la première fois, le 3 juillet 1974, le gouvernement Chirac décide de suspendre l’immigration avec le souhait de fermer les frontières. Des mesures qui interviennent dans un contexte de crise économique. «L’idée est née, à cette époque, que les Français étaient en concurrence avec les étrangers pour l’accès à l’emploi. Lio