«Je n’ai pas été protégée par la France.» Comme un roseau, Fatima, réfugiée ivoirienne, est frêle en apparence, mais c’est une battante. «Je ne suis pas venue chercher tout l’or du monde, je suis venue chercher un abri.» Lors de cette conférence de presse, à la Bourse du travail de Lille, le 30 janvier, on l’écoute et on se tait. Fatima a trop vécu, 26 ans et une traversée de la Méditerranée derrière elle. «Je tiens la préfecture responsable de la mort de ma fille», pose-t-elle. Fanta, son bébé de 3 mois, est morte en novembre 2023 à Armentières (Nord), d’une intoxication au monoxyde de carbone. Pour cause de retard dans la délivrance de sa carte de séjour, la jeune femme s’est retrouvée sans ressources, et sans avoir le droit de travailler. Elle a utilisé un chauffage de fortune, qui a causé la mort de sa petite fille.
Triste chronologie : Fatima a obtenu le statut de réfugiée le 22 février 2022, pour la protéger de l’excision. Elle aurait dû obtenir sa carte de séjour au bout de trois mois, c’est la loi. Pourtant un an plus tard, toujours rien. En janvier 2023, son récépissé, qui prouve qu’elle a bien demandé un titre de séjour de dix ans, expire. Elle perd alors tous ses droits, allocations logement, RSA, environ 1 500 euros mensuels. Menacée d’expulsion de son logement, loué à un bailleur très social, elle mendie devant la mosquée d’Armentières, enceinte jusqu’aux yeux. Fanta naît le 31 juillet 2023. Rien ne bouge. Ce n’est que le 19 octobre, après un