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A la barre

«Je vis depuis toujours dans la misère et l’injustice» : au tribunal, un exilé soudanais se défend d’être un passeur

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Ibrahim Aboubakar a fui le Darfour et tenté de rejoindre illégalement le Royaume-Uni. Depuis le naufrage mortel, il est accusé d’avoir piloté le bateau pneumatique, quand lui se revendique victime.

Une cérémonie, à Calais le 13 aout, en hommage aux migrants morts dans le naufrage de leur canot en traversant la Manche, et dont Ibrahim Aboubakar, survivant, est jugé à Paris. (Sameer Al-Doumy/AFP)
ParRachid Laïreche
Reporter au service société
Publié aujourd'hui à 20h19

Dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Paris, Ibrahim Aboubakar est debout, derrière la vitre, depuis presque quatre heures. Un mardi qui ne se termine pas. Le Soudanais parle en arabe et fait des petits gestes avec les mains pour répondre aux questions de la juge. Il est incarcéré à la prison de Bois-d’Arcy, dans les Yvelines, depuis le 16 août 2023, après avoir été mis en examen pour «homicide involontaire», «violences involontaires» et «mise en danger d’autrui, aides à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier».

Ibrahim Aboubakar, 34 ans, a tenté de traverser la Manche, dans la nuit du 11 au 12 août 2023, pour rejoindre illégalement le Royaume-Uni. A bord du bateau pneumatique, 67 personnes, des Afghans en très grande majorité. L’embarcation de fortune a pris l’eau au milieu de la traversée. Le bilan est terrible : des blessés, des choqués et sept morts. De nombreux rescapés afghans ont indiqué à la police que le pneumatique mortel était piloté par «les deux noirs». Ibrahim Aboubakar et un autre Soudanais, mineur au moment du naufrage et absent du tribunal : tout l