A rebours du «racisme d’atmosphère» qu’une partie de la classe politique et médias diffuse, les Français dans leur ensemble continuent à faire preuve de tolérance envers les minorités, démonte le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), publié ce mercredi 18 juin.
C’est grâce à «l’indice longitudinal de tolérance» que la commission peut mesurer chaque année l’évolution de ce sentiment chez les Français et les Françaises. Après un record en 2022 puis un recul de trois points en 2023, l’année 2024 enregistre son troisième meilleur score depuis 1990, 63/100, ex aequo à 2009. Et ce «malgré la diffusion de discours de défiance et de haine par certaines sphères politiques et médiatiques», observe la CNCDH. Cet indice est calculé chaque année par le chercheur Vincent Tiberj à partir d’enquêtes en ligne et en face-à-face réalisées par la CNCDH.
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Tout n’est pas rose non plus. Le baromètre, établi depuis 1990, révèle que certains préjugés restent largement partagés chez les personnes interrogées : 60 % pensent que de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale. Ils sont aussi 23 % à penser que les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français et 46 % que l’immigration est la principale cause de l’insécurité. L’étude pointe un passage du «racisme biologique» à un racisme s’exprimant davantage autour des «différences culturelles et identitaires».
Mais il y a de l’espoir : les jeunes générations adhèrent moins aux «vieux» clichés racistes, selon la CNCDH, qui observe une «forte polarisation générationnelle» : les cohortes récentes voient leurs niveaux de tolérance, déjà hauts, progresser, tandis que ceux des cohortes les plus anciennes stagnent ou reculent sur ces questions. La génération née entre 1977 et 1986 est la seule dont l’indice a systématiquement progressé depuis 2019 et atteint un record historique en 2024 (69/100).
Plus on rejette les immigrés, plus on rejette les autres minorités
«Le sentiment anti-immigrés est le plus corrélé aux autres formes de haine», relève le rapport de la CNCDH. «Plus on rejette les immigrés, plus on rejette les personnes perçues comme juives, musulmanes, asiatiques, roms, noires, et plus on s’oppose à l’égalité entre femmes et hommes et aux droits des personnes LGBTI», écrit l’instance consultative, chargée de conseiller les pouvoirs publics sur les questions liées aux droits fondamentaux.
«Contrairement aux idées reçues, s’agissant du sentiment antimusulman, les personnes qui sont hostiles aux musulmans sont aussi les moins attachées à la laïcité, à l’égalité entre les hommes et les femmes, et les plus critiques envers l’homosexualité», souligne-t-elle.