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Blocages

«Le problème de l’insécurité n’est pas réglé» : à Mayotte, malgré les promesses du gouvernement, la colère n’est pas retombée

Gérald Darmanin et Marie Guévenoux ont fait parvenir au collectif qui bloque l’archipel et aux élus un courrier contenant les engagements du gouvernement sur Mayotte. Réunis en congrès ce mercredi 14 février, les «Forces vives» ont décidé de maintenir, au moins temporairement, les barrages.
Un barrage à Mayotte, le 13 février 2024. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 14 février 2024 à 19h36

Le courrier n’a pas suffi à calmer la colère. Les barrages «vont être maintenus» encore «quelques jours» au moins à Mayotte, le temps que les collectifs citoyens réunis sous la bannière des «Forces vives» étudient les engagements écrits de Gérald Darmanin en faveur de l’île, annonce ce mercredi 14 février Safina Soula, une responsable de ce mouvement.

Dans ce courrier cosigné par la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux, que les «Forces vives» et les élus locaux ont reçu ce mercredi, Gérald Darmanin apporte des précisions sur ce qu’il avait annoncé dimanche dernier. Le projet de loi «d’urgence pour Mayotte» sera présenté en Conseil des ministres «le 22 mai», annonce-t-il. Le texte devrait inclure la fin du titre de séjour territorialisé, l’une des principales revendications du mouvement. Ce dispositif, spécifique à Mayotte, empêche actuellement les étrangers (essentiellement Comoriens et Malgaches) ayant un titre de séjour local de se déplacer ailleurs en France.

Gérald Darmanin réitère également l’engagement du gouvernement «à mettre un terme à Mayotte à l’acquisition de la nationalité française en application du ‘‘droit du sol’’». Quant à la nouvelle «opération Wuambushu» destinée à lutter contre l’immigration illégale, le logement insalubre et la délinquance, elle est dans le courrier dénommée «opération civilo-militaire». Le ministre explique enfin que le «rideau de fer maritime» qu’il avait annoncé consistera en un déploiement de moyens renforcés de la marine nationale (capacités d’interception dans les eux territoriales, détection par de nouveaux radars, des drones et des moyens de surveillance aériens).

Gérald Darmanin appelle «l’ensemble des forces vives de Mayotte à lever les barrages qui asphyxient totalement aujourd’hui le fonctionnement de l’île et entravent l’action des forces de l’ordre dans la lutte contre l’immigration irrégulière et l’insécurité». Si les barrages sont effectivement levés, il promet que Marie Guévenoux se rendra «dans les prochains jours à Mayotte pour travailler sur l’ensemble des sujets avec les collectifs, les acteurs économiques et les élus».

Les citoyens pas décidés à lever les barrages

Le courrier du ministre de l’Intérieur, «on vient de le recevoir et on a besoin d’échanger entre nous», a expliqué Safina Soula ce mercredi, alors que les collectifs citoyens étaient réunis en congrès : «Analyser le courrier prendra quelques jours. On a fait des barrages pendant trois semaines, on peut quand même attendre quelques jours. [...] C’est une décision importante et difficile à prendre, je n’ai pas envie de donner le sentiment d’être du côté de l’État.» Elle a par ailleurs confié son «sentiment d’amertume», soulignant que «le problème le plus difficile, qui n’est pas réglé, reste l’insécurité» que subissent au quotidien les habitants de ce petit territoire de l’océan Indien.

Said Kambi, un autre représentant du collectif, s’est lui déjà montré fermement opposé à la réponse du gouvernement. «Nous n’avons pas ce qu’on demandait !, s’est-il exclamé lors du congrès des «Forces vives», comme le rapporte la chaîne Mayotte la 1ere. Nous allons demander aux Mahorais ce qu’ils en pensent par référendum. Nous allons continuer les barrages jusqu’à l’instauration de l’état d’urgence.»