Un jeudi à Paris. La nuit tombe à peine. Sur la place du Louvre, un homme attrape le micro qu’on lui tend. Il se met à protester de toutes ses forces. Sa voix est grave et chancelante. Elle suinte la peur et la colère contre «cette loi raciste et xénophobe qui reprend toutes les idées de l’extrême droite». Il est le représentant d’un collectif de personnes sans papiers. Du monde face à lui, environ 300 personnes. Des manifestants inquiets qui ont fait le déplacement pour dénoncer la loi immigration. Ils ne sont pas dans les parages par hasard. Le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision dans quelques instants. La fumée blanche sort de l’aile Montpensier du Palais-Royal. La vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme, Marie-Christine Vergiat, annonce le verdict à ses troupes : les «sages» ont décidé de censurer plus du tiers des articles de la loi immigration. «Madame Le Pen se permet de dire qu’elle a remporté une victoire idéologique. C’est à nous de mener une bataille culturelle, de faire comprendre que les étrangers ne sont pas un problème mais une richesse. Le combat continue !» lâche Marie-Christine Vergiat. Les applaudissements résonnent.
«Jeu dangereux»
Le Conseil constitutionnel a notamment censuré, totalement ou partiellement, trente-deux articles – sur 86 – les considérant comme des cavaliers législatifs, c’est-à-dire s