Ce n’est pas un retour à la normale mais presque. Les députés réunis en commission, dans le cadre du projet de loi immigration, ont rétabli l’aide médicale d’Etat (AME), rejettant à une très grande majorité un article introduit par les sénateurs qui la transformait en aide médicale d’urgence, plus restrictive. Une mesure qui avait été supprimée de la carte par les sénateurs. «C’était indispensable. C’est une position juste et forte pour un dispositif indispensable, efficace et évalué de santé publique», a martelé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, dans un message publié sur X (ex-Twitter).
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Le rapporteur du projet de loi, Florent Boudié (Renaissance), a souligné qu’il s’agissait d’une question relevant de la «santé des individus», mais aussi d’une «question de santé collective». Le député écologiste Benjamin Lucas est à moitié satisfait. «C’était la moindre des choses. Un des rares moments de réveil salutaire de la majorité présidentielle, qui sur presque tout le reste s’aligne sur la droite radicalisée qui elle-même court après l’extrême droite», explique-t-il à Libération.
La suppression de l’AME - qui prévoit une couverture intégrale des frais médicaux et hospitaliers des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois - avait fait réagir de nombreuses associations et médecins. Ils soulignaient en chœur l’importance de cette mesure pour les personnes en situation irrégulière. Le débat ne touche pas encore à sa fin. Un rapport doit être rendu le 4 décembre par Patrick Stefanini et Claude Evin. «Cette publication nous donnera l’occasion de voir s’il est nécessaire ou non de perfectionner et d’affiner certains mécanismes, tout en conservant l’AME», a assuré Oliver Véran, le porte-parole du gouvernement.
Il reste surtout le débat parlementaire qui commence le 11 décembre. Le go- sous la houlette du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin - espère trouver une majorité de députés pour voter le texte afin d’éviter un nouveau 49-3. Un député socialiste fait la moue. Il explique que le gouvernement «cherche à plaire à la droite» ; qu’il fera «des concessions» sur le regroupement familial et la régularisation des sans-papiers. Le texte qui a été durci au sénat sera sûrement un peu moins dur à l’assemblée nationale mais la tendresse est encore loin.