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Réactions

«Sordide» et «dangereux» : les associations humanitaires dénoncent l’accord migratoire entre Londres et Paris

L’accord annoncé ce jeudi par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui prévoit un échange de migrants avec la France, a suscité des réactions outrées de nombreuses associations d’aide aux migrants. Ce projet pilote doit entrer en vigueur «dans les prochaines semaines».
Emmanuel Macron et Keir Starmer au 10 Downing Street, à Londres, ce jeudi 10 juillet. (Gonzalo Fuentes/REUTERS)
publié le 10 juillet 2025 à 18h22
(mis à jour le 11 juillet 2025 à 7h27)

En marge de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé ce jeudi 10 juillet un accord pilote pour un échange de migrants avec la France, qui doit entrer en vigueur dans les «prochaines semaines».

«J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui notre accord sur un projet pilote inédit : pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France», a déclaré le dirigeant travailliste, ajoutant qu’en échange de chaque retour, «un individu différent pourra venir via un itinéraire contrôlé et légal». Seuls ceux «qui n’ont pas essayé d’entrer illégalement au Royaume-Uni» seront éligibles pour cet échange, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse commune avec le président français.

«Dangereux et inefficace», selon la Croix-Rouge

L’annonce de l’accord a déclenché une levée de boucliers parmi les associations humanitaires. «Cet accord […] renforce la dissuasion au lieu d’offrir une protection significative. Privilégier une application plus stricte de la loi sans créer de voies sûres et légales est à la fois dangereux et inefficace. Les faits montrent que ces politiques n’empêchent pas les gens de rechercher la sécurité ; elles les poussent simplement à entreprendre des voyages plus périlleux, mettant des vies en danger», a réagi Flora Alexander, directrice de la Croix-Rouge britannique.

Médecins sans frontières, pour sa part, estime que ce projet n’est «pas seulement absurde», mais «aussi extrêmement dangereux». L’ONG Care4Calais a quant à elle dénoncé «un accord sordide […] qui s’accompagne d’un échange de vies humaines. Un accord qui sera probablement coûteux, qui rendra la vie plus difficile aux personnes en quête de sécurité au Royaume-Uni, mais qui ne s’attaquera pas à la cause profonde des traversées : le manque d’itinéraires sûrs».

Les deux dirigeants ont travaillé lors de leur rencontre sur cet échange de migrants reposant sur le «principe d’un pour un». Selon The Telegraph, le Royaume-Uni pourrait renvoyer cinquante migrants par semaine vers la France. Ce serait la première fois que Paris accepte de reprendre des migrants, mais des médias britanniques et l’opposition conservatrice ont déjà estimé que ce chiffre n’était pas suffisant.

La maire de Calais, Natacha Bouchart, elle aussi, s’est insurgée jeudi soir contre cet accord migratoire au micro de France Info. «Je suis très en colère, abasourdie, de voir qu’on a aucune considération pour le maire que je suis et mes collègues du littoral. […] On va se retrouver dans un étau car on a aujourd’hui du mal à gérer la problématique du passage, des arrivées, et maintenant on va devoir gérer les migrants que le gouvernement britannique aura choisi de renvoyer en France. Et quand on dit en France c’est pas à Paris, à Marseille ou au Touquet, ça va être sur Calais, sur Grande-Synthe […].» Et de dénoncer «un mépris national» à l’égard des élus locaux.

Mis à jour à 7 h 25 avec la réaction de la maire de Calais.