Menu
Libération
Rencontre

Moussa, travailleur sans papiers : «Je ne vois pas comment la loi immigration pourrait rendre les choses plus dures, c’est déjà très dur»

Article réservé aux abonnés
Espérant être régularisé et craignant désormais pour son avenir, ce Malien, installé dans un foyer à Montreuil et accro à la politique, livre son état d’esprit après la motion de rejet préalable votée à l’Assemblée.
Lors d'une mobilisation en faveur des sans-papiers, à Montreuil, en 2020. (Noémie Coissac/Hans Lucas. AFP)
publié le 13 décembre 2023 à 6h50

Gérald Darmanin peut-il rester à son poste ? La loi immigration sera-t-elle plus dure contre les personnes en situation irrégulière en France ? Le monde politico-médiatique est en feu depuis l’adoption par l’Assemblée nationale, lundi 11 décembre, d’une motion de rejet préalable du projet loi relatif à l’immigration. Une autre ambiance sur les hauteurs de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, dans un foyer de travailleurs maliens. Ils regardent la crise de très loin. Ce n’est pas le cas de Moussa, 48 ans. Il est posé dans sa chambre, tranquille, face à la télé bloquée sur les chaînes d’infos. Un sans-papiers accro à la politique hexagonale. Il nous livre son sentiment brut sur la situation.

«J’ai toujours aimé la politique française. Plus jeune, au Mali, j’écoutais les informations à la radio. Je me souviens très bien de toutes les embrouilles quand Nicolas Sarkozy était président de la République. Les «polémiques», comme vous dites. C’était passionnant. J’ai quitté la région de Kayes, au Mali, en 2012. Je n’ai pas vraiment eu le choix. J’étais heureux avec ma famille mais il fallait les nourrir. Ça devenait compliqué de bien gagner sa vie au pays. Je suis marié et j’ai trois enfants. Il y a aussi mes parents et la mère de ma femme qui ont des difficultés financières. Je suis directement arrivé à Montreuil, une ville que tout