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Libération
Reportage

«Nous étions traités comme des esclaves» : des sans-papiers de centres de traitement de déchets en lutte contre Veolia, Suez et Paprec

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Une douzaine d’anciens employés montent un dossier judiciaire aux prud’hommes et au pénal contre leur entreprise sous-traitante NTI et leurs donneurs d’ordre. Ils dénoncent des conditions de travail dangereuses et entendent porter plainte pour, entre autres, «travail dissimulé», «discrimination» et «prêt de main-d’œuvre illicite».
Des travailleurs sans papiers réunis à la Bourse du travail à Gennevilliers le 17 mai, en vue d'une action collective en justice contre leur ex-employeur NTI, sous-traitant de Veolia ou Suez. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 21 mai 2024 à 12h25

Des dossiers colorés sous ses yeux. Des «preuves», dit-elle. Ses mains sont posées à plat sur la table. Hind, 28 ans, est à la Bourse du travail de Gennevilliers pour raconter son histoire. Un vendredi nuageux qui la fait replonger dans «la souffrance». Hind habite dans les Hauts-de-Seine avec son époux et leur fille, qui est chez les «petits» à la maternelle. L’école est finie. Elle court entre les tables pendant que sa mère cherche ses mots. «Je commence.» Elle est arrivée en France en 2019 en provenance de l’Ouest algérien. Sans papiers, Hind trouve un travail chez NTI. Une entreprise sous-traitante des groupes Veolia, Suez, Urbaser et Paprec. Elle charbonne dans les centres de traitement des déchets de toute la région parisienne. «C’était dur, explique-t-elle sous le regard du coordinateur de la CGT, Ali Chaligui. Je n’avais même pas de contrat de travail. Je n’avais pas le droit à des congés payés, des paniers repas ou à un congé maternité. J’ai arrêté de trier les déchets à huit mois de grossesse. C’était très dangereux pour le bébé avec toute la saleté que je respirais.» Elle entrouvre un de ses dossiers colorés qui laisse apparaître des clichés pour accompagner ses mots.

Un effet boule de neige

Une situation qui a duré de longues années. NTI a mis la clé sous la porte en 2023. Une liquidation judiciaire après de nombreux contrôles. Récemment,