Ils devront quitter les lieux d’ici un mois. Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a ordonné ce jeudi 13 février l’évacuation des 300 jeunes migrants mineurs qui occupent la Gaîté Lyrique depuis le mois de décembre, dans un délai d’un mois.
Saisi par la ville de Paris, propriétaire du lieu culturel parisien, le juge estime que l’occupation illicite des locaux «fait courir aux jeunes majeurs un risque élevé en cas d’incendie, ainsi qu’un risque sanitaire lié à la promiscuité et un risque de troubles à l’ordre public», selon un communiqué. Le tribunal ajoute que l’occupation empêche également le bon fonctionnement de l’établissement, contraint d’annuler ou de reporter ses manifestations.
Reportage
Le 10 décembre, environ 200 migrants mineurs avaient investi les locaux de la salle culturelle, située dans le IIIe arrondissement de Paris, avant d’être rejoints par plus d’une centaine d’autres personnes. Mi-décembre, la Gaîté Lyrique avait annoncé sa fermeture au public jusqu’à nouvel ordre.
«Au-delà de la violence que cela représenterait, vous pensez qu’une institution culturelle qui a pour but de créer du lien peut sciemment demander l’expulsion de 300 jeunes à la rue en plein hiver à Paris ? On marche sur la tête», racontait en janvier à Libération David Robert, porte-parole de la Gaîté Lyrique, compréhensif envers le mouvement d’occupation. «On subit cette situation et on en veut à ceux qui ont les moyens de mettre ces jeunes à l’abri et qui ne le font pas. L’incompréhension est grande», estimait le responsable.
L’établissement a enregistré «plusieurs centaines de milliers d’euros de pertes directes» en raison de l’annulation d’événements privés et publics depuis le début de l’occupation. La Gaîté Lyrique avait demandé à la ville de Paris «de trouver sans délai une solution de relogement» pour ces jeunes et ce «quelle que soit la position de l’Etat». La prise en charge des personnes sans abri relève de la compétence de la mairie pour les mineurs, de l’Etat pour les majeurs. Les jeunes dont le statut de mineur n’a pas été reconnu, et qui attendent les résultats de leur recours, sont dans une situation de vide juridique et restent souvent à la rue.
Paris avait déjà été confrontée entre avril et juillet à l’occupation par des mineurs isolés d’un de ses lieux, la Maison des métallos, dans le XIe arrondissement. Ceux-ci avaient été relogés dans des gymnases, après un premier refus de réquisition du lycée Brassaï par la région.