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«On risque de se faire casser la gueule à chaque coin de rue» : face à l’extrême droite, la peur des Franco-Algériens

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Guerre d'Algérie (1954-1962), un conflit historiquedossier
Héritier du Front national, fondé par des nostalgiques de l’Algérie française, le RN reste particulièrement hostile aux ressortissants d’origine maghrébine. Ces derniers craignent les mesures de «préférence nationale» et la montée d’un racisme décomplexé.
Rassemblement sur le pont Saint-Michel pour commémorer le 60e anniversaire du massacre des Algériens, à Paris le 17 octobre 2021. (Benjamin Beraud /Hans Lucas. AFP)
publié le 5 juillet 2024 à 10h35

A Saint-Etienne, où il a posé ses valises en pleine guerre d’Algérie, le grand-père de Walid n’a jamais songé à devenir propriétaire. Ses maigres économies, l’ancien minier les a investies en Kabylie, terre de montagnes située dans le nord de son pays natal. La décision de construire cette petite bâtisse est née d’une angoisse profondément ancrée dans la vie de cet Algérien, aujourd’hui décédé. «Mon grand-père était persuadé que notre famille avait besoin d’un pied à terre au cas où la France l’expulserait du jour au lendemain, se rappelle Walid, producteur de cinéma franco-algérien de 29 ans. Mon père n’y a jamais cru. Mais avec la situation politique actuelle, on se demande vraiment ce qui va nous arriver…»

La nette victoire du Rassemblement national (RN) au premier tour des élections législatives a provoqué une onde de choc pour des centaines de milliers de Franco-Algériens qui vivent dans l’Hexagone. «Le fait que dix millions de personnes, y compris des proches, soutiennent un parti d’extrême droite est extrêmement déstabilisant, souffle Marwa, une responsab