Menu
Libération
Reportage

«On va créer de la précarité» : dans la Roya, la crainte de la communauté de Cédric Herrou après le vote de la loi immigration

Réservé aux abonnés

Le paysan des Alpes-Maritimes, symbole de l’aide aux exilés, a fondé un centre Emmaüs où travaillent des compagnons sans papiers. Au lendemain du vote du texte, le militant dénonce la perception de la migration comme «un coût» et «une charge».

Cédric Herrou, Ferri, compagnon d'Emmaüs Roya, et Marion Gachet-Dieuzeide, coresponsable de la structure, à Breil-sur-Roya, mercredi 20 décembre. (Laurent Carré/LIBERATION)
ParMathilde Frénois
correspondante à Nice
Publié le 20/12/2023 à 19h26

D’abord, il a fallu répartir les tâches. Bassekou rassemble les œufs des poulaillers. Mohammed et Ferri ramassent les olives sur les filets. Alex conduit le tracteur. Ce dernier mercredi avant l’hiver, il faut s’activer pour récolter. Le soleil disparaît vite derrière les montagnes de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes). Symbole de l’aide aux migrants, Cédric Herrou a fondé la première communauté Emmaüs 100% paysanne. Ici, les neuf compagnons sont originaires du Nigeria, du Sénégal, de Guinée, de République démocratique du Congo, de Roumanie et du Soudan. Ils travaillent dans le maraîchage et l’oléiculture. «Presque tous» sont sans papiers. «Pour tous», la loi immigration votée mardi 19 décembre aura une incidence, estime Cédric Herrou.

Ferri disserte sous l’olivier. Depuis qu’il est né, il «entend parler de la France». «La France a l’image d’un pays d’accueil, où on vit bien, où on aime bien les étrangers», répète-t-il en roulant le filet sous son bras. Il n’a pas changé d’avis. Ferri était coiffeur en RDC. Arrivé en France en septembre 2021, il a vécu à Toulouse dans une famille d’accueil et à Millau, en foyer. Il n’a toujo