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Opération de contrôle des migrants aux frontières : des associations dénoncent une «grande campagne de discrimination raciale»

Mercredi 18 juin, le ministre de l’Intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle dans les gares, trains, bus. Plusieurs associations de défense des migrants dénoncent une vaste manœuvre de contrôles au faciès.
Bruno Retailleau au siège des Républicains, à Paris, le 20 mai 2025. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 18 juin 2025 à 11h38

Quelque 4 000 forces de l’ordre seront mobilisées mercredi 18 et jeudi 19 juin lors d’opérations de contrôles nationales contre l’immigration illégale dans les gares et les bus, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

«Durant ces quarante-huit heures, on va mobiliser 4 000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle pour interpeller des clandestins», a-t-il détaillé sur CNews et Europe 1 mercredi matin, avant de se rendre gare du Nord, à Paris, pour assister à certains de ces contrôles.

«Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47 000», a affirmé Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l’immigration son thème de prédilection.

Dans une note adressée notamment aux préfets et consultée par l’AFP, le ministre de l’Intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle «des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ».

«Les clandestins ne sont pas les bienvenus en France»

Celui qui est aussi chef de file des Républicains a vanté dans ce document une «augmentation conséquente d’interception d’étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines (+ 28 %)» et une «opération nationale de contrôle des flux», menée les 20 et 21 mai et ayant débouché sur plus de 750 interpellations.

«Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France de la façon la plus ferme et la plus définitive», a déclaré Bruno Retailleau, affirmant avoir «réintroduit de façon beaucoup plus serrée qu’avant» le contrôle aux frontières, avec une «force frontière» composée de policiers, gendarmes, douaniers et militaires.

De nombreux observateurs dénoncent cette campagne, soupçonnée d’être une vaste opération de contrôles au faciès. L’association d’aide aux réfugiés Utopia56 a réagi en dénonçant «une grande campagne de discrimination raciale et d’abus de pouvoir. C’est pas écrit comme ça, mais on le sait (et comme il en est très fier, il le dit à tout le monde).» De son côté, le mouvement Marche des solidarités, notamment composé de collectifs de défense de sans-papiers, a appelé les personnes concernées à «ne pas prendre les transports seul.e.s», à «prévenir autour de vous vos proches, les collectifs, associations ou syndicats» et d’avoir un titre de transport. Avant d’ajouter, à l’intention des personnes qui pourraient être témoins de ces interpellations : «Ne laissez pas faire les contrôles, empêchez les interpellations, en alertant autour de vous de ce qui se passe, filmez, etc. Que vous travaillez dans une gare, un bus, un métro ou un train, que vous soyez passager.e.s.»