Un soir dans le nord de Paris. Coiffé d’un keffieh, trapu et hirsute, Shadi entre dans un bistrot. Une pause soudaine ; les conversations se brisent. Des clients, tranquillement attablés, détournent le regard. D’autres scrutent, entre gêne et curiosité, voire compassion. «Je ne l’ai jamais porté mais depuis la guerre, c’est un devoir et une fierté», lance Shadi. Le peintre gazaoui de 42 ans habite la capitale depuis dix-sept ans. Près de lui, ombre frêle, se faufile Duaa, sa compagne et future épouse. La trentenaire a quitté Gaza pour la première fois de son existence en 2021. Un aller sans retour pour le moment. Il y a eux, mais aussi Saud, Ahmad, Jadd, Rawan, ou Zineb. Ils ont grandi dans l’enclave gazaouie aujourd’hui sous les bombes, mais aussi en Cisjordanie occupée – à Ramallah, Bethléem et Bir Zeit – ou encore en Israël, à Jaffa. Ils sont arrivés en France il y a quelques mois, ou de longues années. Parfois ils sont nés ici, de parents palestiniens, et n’y ont pour certains jamais mis les pieds, ou à peine, comme Rawan, Marseillaise de Bir Zeit, qui n’a jamais pu entrer dans Jérusalem, où elle est née. Libération en a rencontré une vingtaine.
Depuis le 7 octobre, après la brutale attaque du Hamas en Israël, «tout est encore pire que dans le passé, nous sommes tous impuissants et meurtris», pleure