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Pollution

Près de Dunkerque, un campement de migrants victime d’un empoisonnement de leur eau potable ?

Vendredi 14 juin, l’eau utilisée pour boire, se laver et cuisiner par des centaines de personnes est devenue bleutée. Utopia 56 dénonce «un acte malveillant» sur ce campement connu et délaissé par les autorités publiques.
Un migrant afghan à un point de distribution d'eau dans un camp de fortune à Loon-Plage, le 25 avril 2024. (Sameer Al-Doumy/AFP)
publié le 20 juin 2024 à 12h20

Pollution volontaire ? Sur la commune de Loon-Plage, près de Dunkerque (Nord), un campement de migrants a découvert, vendredi 14 juillet, que leur eau potable était devenue bleu foncé. Tous les jours, des centaines de personnes se servent de cette eau, fournie par l’organisation citoyenne Roots, pour boire, cuisiner et se laver. «Cela fait des années que l’on interpelle la communauté urbaine de Dunkerque quant à l’accès à l’eau sur ce camp, se désole auprès de Libération Célestin, coordinateur de Utopia 56 à Grande-Synthe. Ce qu’il s’est passé vendredi dernier menace la sécurité de tous ces gens, cet empoisonnement de leur eau potable aurait pu être catastrophique.» L’association d’aide aux migrants soutient la plainte que va déposer Roots et compte bien interpeller l’ensemble des autorités publiques «pour rediscuter de leur responsabilité» face à cet événement.

Le campement de Loon-Plage ne date pas d’hier. «Cela fait vingt ans qu’il y a des exilés et que rien n’est fait», dénonce à Libération Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56. D’après l’association, aucun acteur mandaté par l’Etat n’intervient directement sur ce camp informel, où près de 600 personnes vivent en attente de pouvoir traverser la Manche vers le Royaume-Uni. Les cuves d’eau sont approvisionnées quotidiennement par Roots, bénévolement. «On ne sait pas ce qui a été mis dans cette cuve, développe Yann Manzi. Mais c’est forcément un acte malveillant.» Des échantillons ont été prélevés afin d’être analysés en laboratoire et faire toute la lumière sur le produit arrivé, par mégarde ou non, dans l’eau.

«Selon les critères de Solidarité internationale [association d’aide humanitaire, ndlr], pour juger de la potabilité de l’eau, elle doit être inodore et incolore», rappelle Célestin. Dans ce cas précis, l’eau était bleue, «donc pas claire», et d’une odeur particulière «un peu mentholée», rapporte le coordinateur. Il ajoute avoir eu peur d’un drame mais, «heureusement, c’était un liquide coloré et pas du cyanure, qui est incolore. Grâce à ça, personne ne l’a bu». L’association espère que cet événement fera enfin réagir les autorités locales, afin d’éviter de mettre en danger davantage de personnes.