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Migrants

Royaume-Uni : plus de 25 000 personnes ont traversé la Manche depuis le début de l’année, en hausse par rapport à 2023

Keir Starmerdossier
Le ministère britannique de l’Intérieur a publié ce lundi 23 septembre des chiffres officiels sur la situation migratoire dans la Manche. L’année 2024 est une année particulièrement meurtrière, avec 46 morts recensés.
Des migrants font signe à un bateau d'un passeur qui tente de traverser la Manche, sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 26 avril 2024. (Photo par Sameer Al-DOUMY / AFP) (Sameer Al-Doumy/AFP)
publié le 23 septembre 2024 à 16h52

Un bilan qui s’alourdit année après année. Au péril de leur vie de nombreux migrants partent de France et gagnent le Royaume-Uni. Rien que le week-end dernier, 1 400 d’entre eux ont traversé la Manche. Depuis le début de l’année, le ministère britannique de l’Intérieur en a totalisé 25 052. Ce chiffre est en progression de 4 % comparé à la même période de l’an dernier. Mais ce bilan n’égale pas celui de l’année record de 2022, qui avait vu 45 000 migrants arriver au Royaume-Uni par la Manche.

Les naufrages se sont succédé depuis le début de l’été, une saison qui voit généralement bondir le nombre de tentatives de traversées. Au moins 46 personnes sont mortes depuis janvier 2024, année de loin la plus meurtrière dans la Manche, contre 12 en 2023.

Selon les autorités britanniques, ces embarcations de fortune sont de plus en plus chargées par les passeurs, avec 52 passagers en moyenne contre seulement 13 en 2020.

Des conséquences humaines qui se doublent d’un enjeu politique. Succédant en juillet à un parti conservateur qui avait pour priorité de réduire les niveaux d’immigration, légale comme illégale, l’exécutif travailliste de Keir Starmer ne s’est pas départi de cet objectif. Il a toutefois revendiqué une politique plus «humaine». Le Premier ministre britannique a abandonné le projet controversé visant à expulser au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés de façon irrégulière au Royaume-Uni. Il a toutefois promis de durcir la lutte contre les gangs de passeurs.

Lutter contre les gangs de passeurs

Le 17 septembre dernier le gouvernement britannique a ainsi annoncé remobiliser les fonds initialement destinés au financement de cet accord avec le Rwanda, pour lutter contre les gangs de passeurs.

Au total, 75 millions de livres (près de 89 millions d’euros) serviront à l’achat de caméras de surveillance et de matériel technologique afin de faciliter la collecte de preuves pour pouvoir poursuivre les passeurs, a annoncé la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, qui a également annoncé le recrutement de gardes-frontières et d’enquêteurs spécialisés au sein de l’Agence nationale de lutte contre la criminalité (NCA). Quelque 700 millions de livres (plus de 830 millions d’euros) ont été dépensés dans le cadre de cet accord et le gouvernement précédent avait prévu d’y consacrer plus de 10 milliards de livres au total, avait précisé la ministre devant le Parlement.

La question de l’accueil des migrants est omniprésente depuis les premiers pas de Starmer au pouvoir avec, début août, d’importantes émeutes anti migrants en Angleterre et en Irlande du Nord, suscitant d’importantes mobilisations d’opposition aux actes racistes et islamophobes perpétrés jusqu’alors. Keir Starmer alimente lui-même cette actualité. Alors même qu’il revendique une politique plus «humaine», en visite à Rome la semaine dernière, le Premier ministre britannique a fait l’éloge de la politique migratoire de son homologue d’extrême droite italienne Giorgia Meloni, s’attirant des critiques au sein de son propre camp.