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Libération
Reportage

Sur les plages du Nord, «dès qu’il y a une fenêtre de traversée, les campements des exilés se vident»

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Alors que la pression policière se durcit contre les personnes qui tentent de gagner le Royaume-Uni par la mer, «Libération» a passé une nuit de maraude avec l’association Utopia 56, qui leur vient en aide.
Lors de la maraude de l'association Utopia 56 sur le littoral nordiste, dans la nuit de mercredi à jeudi. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
par Stéphanie Maurice, envoyée spéciale à Gravelines (Nord)
publié le 10 juillet 2025 à 19h29

Les restes d’une escarmouche récente jonchent la rue Pierre-Brossolette, à Gravelines (Nord). Il est 2 heures du matin dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 juillet, l’air sent encore la lacrymo. Sur le trottoir, devant le garage d’une maison coquette, une masse noire est avachie. L’épave d’un canot pneumatique dégonflé. L’équipe de l’association Utopia 56, en maraude, n’est pas surprise. «Les exilés devaient porter le bateau sur leurs épaules, pour le mettre à l’eau, et les policiers les ont dispersés», suppose Célestin Pichaud, coordinateur de l’association dans le Dunkerquois.

Les interceptions de ce type sont des classiques. Il remonte dans sa camionnette, chargée jusqu’à la gueule de vêtements secs et chauds, pour les naufragés trempés qu’il pourrait rencontrer sur sa route. La ville est paisible, comme si rien ne s’était passé. Elle est un spot apprécié pour les départs des small boats vers la Grande-Bretagne. Le canal de l’Aa se jette ici dans la mer : les embarcations sont mises à l’eau en amont, sans être repérées. Il n’y a plus un chat, la pleine lune éclaire les animations de plage. Seul un vigile passe, avec son chien muselé et hargneux. Ainsi vont les nuits sur le littoral des Hauts-de-France.

1 200 gendarmes et policiers

Le temps est au beau, propice aux traversées, après plusieurs jours avec une forte houle. Dans la journée, les bénévoles d’Utopia ont mené leur action de prévention aux arrêts d’autobus à Loon-Plage et à Grande-Synthe, près des camps des exilés. «Nous leur