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Sur l’immigration, un budget 2025 presque constant et des moyens renforcés pour l’Ofpra

Le projet de loi de finances, présenté ce jeudi 10 octobre, insiste sur les moyens supplémentaires alloués à la politique de l’asile, mais prévoit également la construction de nouvelles places en centres de rétention administrative.
Dans le centre de rétention administrative de Vincennes (Val-de-Marne), le plus important en métropole, le 13 juillet 2023. (Albert Facelly/Libération)
publié le 10 octobre 2024 à 20h07

Le budget «immigration, asile et intégration» est légèrement en baisse. Une coupe de 100 millions d’euros. Le camembert qui illustre le budget est limpide. Il se divise en deux parties. Une grande et une petite. La grande (82 % des 2,05 milliards au total) pour l’immigration et l’asile. La petite (18 %) pour l’intégration et l’accès à la nationalité française. Quels sont les objectifs ? Le projet de loi de finances pour l’année 2025, rendu public ce jeudi 10 octobre, prévoit des moyens dédiés à l’accueil et l’hébergement des demandeurs d’asile (1,4 milliard d’euros) qui «permettront notamment de poursuivre l’accueil des réfugiés ukrainiens».

Le projet de loi prévoit aussi des moyens renforcés (avec notamment 29 embauches) pour l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) chargé de traiter les demandes de protection au titre du droit d’asile. Les associations qui aident les migrants et les agents de l’Ofpra demandent des moyens depuis des lustres pour traiter les dossiers. Actuellement, le temps d’attente pour avoir une réponse est de quatre mois en moyenne. Trop long pour les demandeurs d’asile. Les associations espèrent faire redescendre l’attente à deux mois.

Bruno Retailleau ne cache pas ses ambitions

En France, 142 500 demandes d’asile ont été déposées en 2023 – dont 124 000 premières demandes –, soit une hausse de 8,6 % sur un an. L’Afghanistan est le premier pays de provenance des demandeurs d’asile, avec plus de 17 500 premières demandes introduites, suivi du Bangladesh (8 600) et de la Turquie (8 500). Les décisions de protection sont également en hausse : 33 % des demandeurs ont obtenu une décision favorable – le statut de réfugié ou la protection subsidiaire – de l’Ofpra en 2023, contre 29 % en 2022 et 26 % en 2021.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ne cache pas ses intentions depuis sa nomination. Il le répète sur tous les tons. Son objectif prioritaire : «Réduire l’immigration, illégale et légale». Il a demandé aux préfets de «s’impliquer personnellement dans le combat» pour faire baisser les entrées sur le territoire. «Eloignez plus et régularisez moins», a-t-il résumé, en utilisant tous les moyens de droit à leur disposition. Le ministre de l’Intérieur prend pour exemple les centres de rétention administrative (CRA). Il souhaite une prolongation de la durée des délais. D’abord fixée à dix jours en 1993, la durée en centre de rétention administrative a été portée de «manière exceptionnelle» à 90 jours avec la loi Collomb de 2018 et 210 jours en matière terroriste.

Bruno Retailleau, a dit son envie – notamment après la mort terrible de Philippine – de prolonger jusqu’à 210 jours la durée de la rétention administrative pour des migrants en situation irrégulière. En attendant une évolution législative (ou pas), le ministre a demandé aux préfets de faire appel à chaque fois qu’un «étranger auteur d’un trouble grave à l’ordre public» se retrouvait libre – même lorsque l’appel n’est pas suspensif. Le lien avec le budget ? Il y aura des moyens pour la construction de places dans les centres de rétentions «dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière».