Ce rendez-vous annuel tombe toujours le troisième jeudi du mois de janvier, mais il a pris cette année une dimension particulière avec la décision du Conseil constitutionnel sur la loi gouvernementale. Les chiffres de l’immigration 2023 ont été présentés ce jeudi 25 janvier au ministère de l’Intérieur par la Direction générale des étrangers en France (DGEF).
Une prévention comme point de départ : ces chiffres sont des estimations qui seront actualisées au mois de juin. Les délivrances de titres de séjour à des étrangers majeurs ayant fait leur demande pour la première fois «décélèrent mais le niveau reste élevé», selon la DGEF. Ça donne : 323 260 primo délivrances, un chiffre en hausse de 1,4 % en comparaison à 2022. Les étudiants en sont les premiers bénéficiaires (103 520) devant les regroupements familiaux (91 020). Les primo délivrances concernent, dans l’ordre, les Marocains (36 340), les Algériens (32 180), les Tunisiens (22 400) et les Chinois (14 930).
La France sur le podium des «éloignements en Europe»
Le nombre de visas délivrés se divise en deux catégories : visas de «court séjour» et de «long séjour». Les chiffres de la première catégorie n’atteignent pas leur niveau d’avant le Covid. En 2023, il y a eu plus de 2 millions de visas «court séjour» accordés. Les touristes arrivent en tête avec 1,5 million de visas sur l’année, devant les demandes à motivation économique et les étudiants. La deuxième catégorie, les visas «long séjour», approchent les 300 000 personnes. Un chiffre en hausse qui concerne les étudiants en premier lieu.
Un long volet du rapport annuel rapporte les sorties du territoire (les éloignements forcés et les départs enregistrés). Il y a eu en France plus de 22 000 sorties du territoire, dont 17 000 éloignements, soit des obligations de quitter le territoire (OQTF) et des personnes qui «constituent» un danger. La DGEF se félicite d’être sur le podium des «éloignements en Europe» derrière l’Allemagne et devant la Suède. Les nationalités concernées ? Les Algériens sont en tête avec 2 562 expulsés, «grâce à une meilleure coopération avec les autorités algériennes», devant les Géorgiens (1 642) et les Albanais (1 439). Les chiffres de l’immigration «reflètent nos priorités politiques», s’est félicité le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur X (ex-Twitter).
«Délais rapides»
Les demandes d’asile ont continué d’augmenter en 2023 pour atteindre 167 423 demandes – dont 145 522 premières demandes –, soit une hausse de 7,6 % sur un an. En Allemagne, à titre de comparaison, Berlin a enregistré plus de 350 000 demandes d’asile, soit une hausse de plus de 51 % par rapport à l’année précédente et le niveau le plus élevé depuis 2016, année au cours de laquelle plus de 720 000 demandes avaient été enregistrées.
La DGEF se félicite pour le niveau d’attente après une demande, délai de «127 jours en moyenne, soit l’un des plus rapides d’Europe». Le Monde rappelait récemment que plusieurs associations, dont la Cimade et la Ligue des droits de l’homme, ont déposé un recours, le 8 janvier, devant la justice administrative pour contraindre l’Office français de protection des réfugiés et apatrides à prendre des mesures en vue de réduire ces délais à deux mois. Une audience devrait se tenir, ce vendredi 26 janvier, devant le tribunal de Melun. Enfin, un dernier chiffre : 61 640 nouveaux Français en 2023. Deux tiers par décret et un autre tiers par mariage, ascendants et fratries. Un chiffre en baisse.