Le tragique comptage reprend. Un Syrien de 19 ans est mort lors d’une tentative de traversée de la Manche dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 janvier, le «premier décès en mer en 2025» à la frontière franco-britannique, a signalé la préfecture du Pas-de-Calais.
Au petit matin, vers 4 heures, des policiers français ont «constaté le départ d’une embarcation de type ‘‘small boat’’ avec une soixantaine de migrants à bord», a relaté le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras. «Quelques minutes plus tard, le groupe débarque du bateau trempé. […] Sur le sol de l’embarcation, un homme d’une vingtaine d’années de nationalité syrienne est découvert en arrêt cardio-respiratoire […], probablement écrasé par les autres migrants», selon la préfecture.
Des investigations médico-légales doivent être effectuées pour «déterminer de façon exacte les causes du décès», a ajouté le procureur. Par ailleurs, un homme né en Syrie, âgé de 33 ans, a été «interpellé et placé en garde à vue comme ayant pu organiser le départ» de l’embarcation, toujours selon le procureur. Deux personnes ont été interpellées dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer et confiée à l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim).
Drame
La préfecture du Pas-de-Calais recense «77 personnes décédées en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne à bord d’un small boat», du nom des embarcations précaires utilisées pour franchir le détroit du Pas-de-Calais, un record depuis le début en 2018 de l’usage de ce moyen de traversée dans cette zone. Selon le comptage des associations d’aide aux migrants, qui inclut également les décès à terre, 89 exilés sont morts sur le littoral du nord de la France en 2024.
Une marche à l’appel de ces associations était prévue samedi après-midi à Calais, pour dénoncer les politiques sécuritaires responsables selon elles de ce tragique bilan, en augmentant la prise de risque des passeurs et des migrants.
Les traversées au cœur d’une discussion Macron-Starmer
En 2024, ce sont 36 816 migrants qui ont réussi à traverser la Manche sur ces embarcations, soit 25 % de plus qu’en 2023, selon le ministère britannique de l’Intérieur. Cette hausse accroît la pression sur le gouvernement travailliste de Keir Starmer, alors que la baisse de l’immigration, légale comme illégale, a été l’un des enjeux majeurs de la campagne électorale l’ayant porté au pouvoir en juillet, qui a aussi vu la percée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage.
Selon Downing Street, les traversées de la Manche par «small boats» ont été l’un des sujets évoqués par Keir Starmer et le président français, Emmanuel Macron, lors de leur rencontre jeudi soir à Chequers, résidence de campagne des Premiers ministres britanniques. En attendant, les dangereuses traversées se poursuivent, sans mesure de protection ni considération.
Mise à jour : à 14h51, avec l’ajout de la déclaration du procureur de Boulogne-sur-Mer.